Mardi, 22 avril 2025
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    Jaco, le phénomène québécois à la conquête de la France

    En 2015, Jacques Rousseau est apparu dans le paysage culturel québécois en participant à La Voix. Dix ans plus tard, celui qu’on appelle désormais Jaco lance Plan F, un premier album d’électro-pop absolument brillant ! Le Québécois vient également de signer un contrat avec Thierry Suc, le manager de Mylène Farmer et le producteur de la plus récente mouture de Starmania. Fugues s’est entretenu avec le créateur des chansons « Come to Daddy », « LoW BaT » et « Pains au chocolat ».

    Que s’est-il passé depuis 2015 ?
    JACO : Ma participation à La Voix a concordé avec des événements plus sombres : au lendemain de mon audition à l’aveugle, mon père a été retrouvé mort. Le drame familial et le stress de La Voix ont généré chez moi de grands problèmes physiques. J’ai passé environ trois ans avec une énergie limitée.
    En 2014, j’avais lancé un EP sous mon vrai nom, Jacques Rousseau. Un producteur très connu en France avait flashé sur ma musique. Je me sentais sur un élan qui allait m’aider à percer, mais ça ne s’est pas produit avec le drame. J’ai été plongé dans une forme de néant.

    Comment as-tu réagi ?
    JACO : Pour la première fois, j’ai pensé à un plan B, alors que ça avait toujours été clair que ma place était sur scène. Puisque j’ai toujours eu un intérêt pour le développement personnel et la spiritualité, je suis devenu enseignant de méditation pendant quatre ans. C’était hyper nourrissant, mais je ne pouvais pas laisser mon rêve musical de côté. L’appel intérieur était trop fort ! Je me suis donc retroussé les manches. Rendu là, j’avais de la difficulté à chanter. Quand ma santé s’est rétablie, je suis retourné suivre des cours de chant. Et je me suis inscrit à l’École nationale de la chanson de Granby.

    En quoi ce retour à l’école a-t-il influencé ton développement ?
    JACO : Ça m’a fait sortir de mon salon, après des années un peu isolantes. J’ai partagé mon amour musical avec une cohorte de passionné.e.s. C’était la première fois que je suivais des cours de théorie musicale et que je me commettais sur une base aussi régulière à faire de la création. Ça m’a donné un élan, ça m’a aidé à comprendre mes élans créatifs et à développer mon vocabulaire. Je ne partais pas de zéro, mais j’ai consolidé ce qui me fait triper et je me suis aligné.

    À travers l’électro-pop, ton album a aussi des sonorités de chanson française et des rythmes hip-hop à la Eddy de Pretto. Était-ce ardu de trouver cette signature musicale ?
    JACO : Ça prend du temps pour comprendre sa « recette » personnelle. Je veux faire une pop accrocheuse. C’est un véhicule formidable pour parler à des foules et passer des messages. J’aime la pop accessible, avec de la personnalité et une signature. J’ai dû faire un voyage intérieur pour trouver ce qu’il y avait d’unique chez moi et quels éléments rassembler pour que ça fonctionne. Il y avait tellement de musiques différentes chez nous et j’ai fait un grand parcours d’exploration musicale : classique, chanson française, chants monastiques religieux, hip-hop, musique de films et de jeux vidéo. Tout ça, ça se retrouve un peu dans mon album. Ça fait quelque chose de ludique. Je m’amuse à me faire plaisir, tout en offrant quelque chose de très intime.

    Plusieurs artistes écrivent de la pop dansante francophone très mauvaise. D’autres, comme toi, font des merveilles. Comment l’expliques-tu ?
    JACO : J’ai souvent entendu que c’était difficile, surtout des artistes qui écrivent en anglais et qui ont l’impression que leurs textes en français sonnent quétaine. Moi, j’ai tellement écouté de chansons francophones que, même si ça demeure un défi d’écrire une bonne chanson, ça n’a jamais été ardu de m’épanouir dans l’écriture en français. Mon père écrivait des poèmes et des contes. Il nous donnait des dictées, à mon frère et moi. Comme j’ai un esprit compétitif, je voulais être meilleur que lui. À l’école, les rédactions étaient mon dada. Quand j’écris, je le fais parce que j’ai quelque chose à dire sur un sujet qui me tient à cœur. J’écris par nécessité et ça me donne un flot naturel.

    Dans une de tes chansons, tu parles de tes envies de percer très jeune. Quel est ton rapport avec le fait de cogner aux portes du showbusiness dans le trentaine ?
    JACO : À l’école de la chanson, un prof d’écriture disait que les meilleures œuvres partaient de quelque chose qu’on dévoile de personnel, voire d’un truc qu’on n’oserait surtout pas dire. À l’époque, je restais flou par rapport à mon âge, parce que je peux paraître plus jeune. Je vais avoir 39 ans en juin. Quand le prof nous a dit ça, je savais que je voulais parler de ça, du fait que j’imaginais être connu à 25 ans, avec de l’argent et du fame.

    Finalement, une chance que ça ne m’est pas arrivé à cette époque-là. Je devais faire mon travail humain en coulisses. Le plus grand plaisir que j’ai aujourd’hui, c’est que les choses sont moins à propos de moi. Je veux donner de la force aux gens et offrir une forme de représentation. Avant, quand je m’apprêtais à monter sur scène, je me demandais si les gens allaient m’aimer. J’étais plus dans une énergie de séduction. Maintenant, je suis au service de quelque chose de plus grand que moi-même. Je veux davantage donner que recevoir.

    Dans tes paroles et dans ton identité visuelle, tu embrasses pleinement ta queerness. Pourquoi ?
    JACO : Je ne m’étais jamais montré de manière sexuée. Étant une personne qui a passé une bonne partie de sa vie dans un milieu rural à vouloir cacher son homosexualité, ça me semblait normal de m’assumer en faisant un album. Je me suis réapproprié le surnom Jaco que mes intimidateurs utilisaient plus jeune pour me railler.

    Des chansons comme « Hétéro » et « Come to Daddy » me permettent en quelque sorte de réécrire mon passé. Dans le futur, je n’irai pas aussi fort dans la queerness et le côté sexué, mais c’était important avec le premier album de faire un pied de nez à mon passé et de m’actualiser comme humain vraiment bien avec lui-même.

    Pourquoi déménages-tu en France sous peu ?
    JACO : J’ai toujours eu un œil sur la France. La scène musicale européenne résonne très fort avec moi. J’aime des artistes pop mainstream avec de la personnalité comme Eddy de Pretto, Angèle et Stromae. Récemment, j’ai gagné un concours qui m’a permis de faire la tournée Mégaphone là-bas en 2024. Ma rencontre avec le public m’a confirmé que je me reconnais dans cette scène électro-pop.

    Tu as aussi attiré l’attention du fameux Thierry Suc.
    JACO : Il a commencé à me suivre sur Instagram. J’ai tout de suite reconnu le nom de celui qui produit les concerts de Mylène Farmer. Quand j’ai vu son nom, j’ai provoqué ma chance pour le rencontrer. Il a décidé de produire une date pour moi à Paris, en décembre 2024. Ça a hyper bien fonctionné et ça a mené à un engagement de sa boîte.

    Quelle est son implication dans ton nouvel album ?
    JACO : Mon album était déjà très avancé avec mon équipe québécoise. Je le sors le 28 mars. Je fais un lancement au Petit Campus de Montréal, le 4 avril. Quelques jours plus tard, je vais me rendre en France pour leur présenter de nouvelles maquettes pour le prochain album et discuter de la suite des choses. La France va devenir ma résidence principale. C’est un nouveau chapitre de vie et la concrétisation d’un rêve.

    INFOS | @jacomusique sur Instagram, Facebook et Youtube

    JACO sera en spectacle le 4 avril au Petit Campus, à Montréal, pour célébrer la sortie de son album PLAN F. Les billets sont en vente dès maintenant : https://lepointdevente.com

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