Dimanche, 15 septembre 2024
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    Le drame romantique des Feluettes renait à l’Opéra

    Presque trente ans après la création, vingt ans après le film, Les Feluettes revient en version opéra sur un livret de Michel Marc Bouchard, sur la musique de Kevin March, et une mise en scène de Serge Denoncourt. Un projet qui a couvé pendant une vingtaine d’années selon le dramaturge.

    Pour beaucoup, Les Feluettes est une des dramaturgies les plus marquantes du théâtre québécois. Pour d’autres, le film de John Greyson. Dans les deux cas, l’émotion reste la même devant une histoire d’amour tragique, un Roméo et Juliette entre hommes. Derrière ce texte, un homme, Michel Marc Bouchard, qu’on ne présente plus tant son travail est apprécié du grand public. Sa dernière création, La divine illusion, connaît un très grand succès. Et nombre de ses pièces sont jouées et rejouées à travers le monde.

    Pour ceux qui n’auraient pas vu Les Feluettes dans les mises en scène d’André Brassard et de Serge Denoncourt, ni le film de John Greyson, Les feluttes racontent l’histoire d’amour entre deux adolescents à Roberval au début du siècle. Histoire d’amour contrariée par un tiers jaloux. L’un des deux adolescents sera condamné à tort pour un incendie qui aura coûté la vie à son amant. Emprisonné, le survivant rejoue devant le véritable coupable devenu évêque, les événements, les personnages étant tour à tour interprétés par les prisonniers. Et la magie opère. Elle opère sur scène comme elle opère à l’écran. La grandeur du texte et de l’histoire perdurent. Et rien n’est moins étonnant que des compositeurs aient pensé à transposer cette histoire en opéra.

    Presque trente ans après la création (2007), vingt ans après le film, Les Feluettes revient en version opéra sur un livret de Michel Marc Bouchard, sur la musique de Kevin March, et une mise en scène de Serge Denoncourt. Un projet qui a couvé pendant une vingtaine d’années selon le dramaturge.

    «Au début des années 2000, Kevin March m’avait contacté après avoir vu le film pour me demander si je serai d’accord d’adapter Les Feluettes en opéra. Nous nous étions rencontrés et j’avais écouté quelques morceaux qu’il avait composés. J’avais été séduit, et de mon côté j’avais approché l’Opéra de Montréal quelques fois, mais sans succès jusqu’à ce que Michel Beaulac, le directeur artistique actuel m’appelle, il y a deux ans. Il avait pensé aux Feluettes, et ça tombait bien car j’avais avec moi les propositions de musique de Kevin March. La seule condition pour moi, c’est que le livret soit en français. Il faut rappeler que c’est la première fois qu’un opéra en français aura pour thème principal une histoire d’amour entre deux hommes”.

    Michel Marc s’est donc attelé à une tâche nouvelle pour lui, celle d’écrire un livret et donc de faire des choix dans ce qu’il était essentiel de garder et ce qui pouvait être simplement évoqué. Un exercice qu’il qualifie de chirurgical.

    «Les gens de l’Opéra de Montréal m’ont un peu tenu la main durant toute l’écriture du livret car c’était un monde nouveau pour moi. Les conventions de l’opéra sont différentes du théâtre. Entre autres, il faut que tout soit pensé d’avance, les pièces musicales et les paroles, bien sûr, mais aussi l’espace, les costumes, l’éclairage, les entrées, les sorties des chanteurs, l’orchestration, etc., pour que, le premier jour des répétitions, chacun sache exactement ce qu’il doit faire. Il y a très peu de place à l’improvisation ou à de grands changements de dernière minute», explique Michel Marc Bouchard.

    Si la pièce comprenait neuf comédiens, l’opéra en comptera une trentaine dont dix solistes et un choeur. Un autre défi pour le librettiste qui en était à ses premières armes. «J’ai voulu aussi rendre hommage à des mises en scène que j’ai vues des Feluettes à l’étranger, au Japon, en Italie ou aux Pays-Bas, et qui pouvaient s’intégrer dans mon travail d’écriture, continue Michel-Marc Bouchard, et enfin, il a fallu faire un choix important, celui d’utiliser un français standard qui se prête mieux à la musique d’opéra que le québécois. Je sais que certains, peut-être, grinceront des dents, mais cela tombe sous le sens pour un peu que l’on connaisse les contraintes du chant opératique».

    D’autres considérations ont retenu les créateurs de cette oeuvre, comme son accessibilité à un grand public, et donc de s’éloigner des choix musicaux des opéras contemporains.

    «Le public va venir voir Les Feluettes, et on a envie que l’émotion et l’écho de la pièce se poursuivent en musique et nous devons donc être très mélodieux, poursuit le dramaturge, et je dirais que la musique se rapproche de compositeurs français, tels que Berlioz, Saint-Saëns, ou Debussy».

    Et bien évidemment, la scène du Saint Sébastien reste un moment fort de l’action, nul doute qu’elle prendra une autre couleur en étant chanté, cette sublime déclaration d’amour portée par les mots du poète italien d’Annunzio, et que Michel Marc Bouchard a su si finement et merveilleusement bien intégrer à un texte qui est, à mon avis, l’un des plus grands de la dramaturgie québécoise.

    Les Feluettes de Kevin March, par Serge Denoncourt
    sur un livret de Michel-Marc Bouchard, les 21, 24, 26 et 28 mai à 19 h 30,
    Salle Wilfried-Pelletier, Place des Arts.

    www.operademontreal.com

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