Cette entrevue réalisée par Marc ANTONIOS a été publiée dans le ZIP, no 107, paru en juin 2016.
Le monsieur très masculin, barbu et poilu, à la tignasse brun roux plutôt rebelle, a été embrigadé par la talentueuse designer Vivienne Westwood pour sa campagne mettant en valeur ses créations hommes printemps-été 2016 ! Ce n’est qu’un des aspects de la vie de ce bel Apollon qu’est Colby Keller ! Tout semble aller à la perfection à cet artiste, blogueur et acteur pornographique américain! Tout récemment, Cybersocket, dans sa remise annuelle de prix Web Awards, lui décernait la mention très honorifique de «la plus belle personnalité de l’année.
Arrivé dans le milieu porno en 2004, avec Sean Cody, Colby Keller enregistre scènes après scènes avec une variété de studios allant de Falcon à Men.com, à Cockyboys.com (dont il est l’un des chouchous) à TitanMen ou encore à kink.com. Bref, entre différentes autres projets, Colby Keller enregistre scène après scène, toujours en démontrant ses talents les plus professionnels et les plus sexy que possible s’appliquant ainsi autant pour un site de moindre envergure qu’une grande maison de production ! Il ne flanche pas et donne toujours son 110% à son public de fans qui le suivent assidument…
En 2014, Colby Keller entreprend un long «road trip». Son intention est de tourner une vidéo porno dans chacun des États des États-Unis. La série web financée par les fans via le site Indiegogo sera connue sous le nom de Colby Does America.
Il a d’ailleurs réalisé une vidéo en Colombie-Britannique ! L’an dernier, durant les célébrations de Fierté Montréal, il avait fait un petit saut dans la métropole pour, entre autres, jouer dans un épisode de cockyboys.com !
Né dans le Michigan en 1980, il a été élevé dans l’État du Texas. Cet acteur porno détient un baccalauréat en anthropologie de l’Université de Houston et une maîtrise en beaux-arts et arts visuels du Maryland Institute College of Art ! Bien oui, le cher Colby que l’on voit das toute sa splendeur (et dans toute son ardeur) est aussi un artiste et un «universitaire»… D’où peut-être son côté un peu bohème charmeur, son attrait pour tout ce qui est artistique et sa manière de filmer les baises sortant ainsi des sentiers battus habituels de la porno…
Bien sûr, nous avons déjà parlé de Colby Keller à de nombreuses reprises dans ZIP, cependant, nous avions envie d’explorer un peu plus sa carrière avec lui, d’où cette entrevue qui vous est présentée dans cette édition estivale du ZIP ! Voici donc cet entretien réalisé tout récemment avec Colby.
Commençons par cette campagne de pub de Vivienne Westwood, comment as-tu réagi lorsqu’elle t’a demandé d’être mannequin pour sa présentation de collection printemps été pour homme ? Comment cela s’est-il passé ?
J’ai été très excité et à la fois extrêmement honoré. Je suis un grand fan de son travail depuis que j’ai commencé à porter attention au milieu de la mode.
Comment tes multiples fans ont réagi au fait que tu deviennes modèle dans l’industrie de la mode et, si on te le demandait à nouveau, serais-tu prêt à le refaire ?
Oui, tout le monde sur les médias sociaux a semblé aussi excité que moi. Je suis chanceux de compter parmi mes amis quelques designers et je suis toujours ouvert aux collaborations avec des gens travaillant et talentueux, qu’ils soient dans l’industrie de la mode ou dans tout autre domaine de création.
Comment réconcilies-tu tes nombreux projets que ce soit dans les arts, la mode ou la porno ?
Je ne crois pas qu’il faille réconcilier quoi que ce soit et je n’ai pas honte de ce que je fais. Je crois que «l’intersection» de la sexualité, des arts et de la mode a toujours été présente. Certaines des toutes premières formes sculpturales réalisées artistiquement par des humains mettaient en valeur le corps humain dans son intégralité. En cela, la honte est une convention toute moderne.
Et comment va ton projet «Colby Does America» ? Combien d’États as-tu visité
J’ai complété au moins une vidéo – si ce n’est pas parfois deux ou trois – dans chacun des États, y compris le District de Columbia (DC) et des endroits éloignés comme l’Alaska ou même Hawaï et plusieurs provinces canadiennes. À peu près la moitié des vidéos sont déjà montés et offerts sur colbydoesamerica.com. Mais c’est certain que nous travaillons avec des monteurs afin de terminer ce qui reste dans les prochains mois. Cela fut pour moi un merveilleux projet. À présent, j’ai littéralement «fait» toute l’Amérique !
Quelles sont les meilleures et les pires choses que tu as vécues en réalisant ce projet ?
La meilleure des choses fut sans doute de rencontrer autant de gens que je ne connaissais pas à travers le pays et de m’en faire des amis et ce, d’une très grande diversité d’ailleurs. J’ai ainsi été amené à travailler avec des personnes fascinantes d’un peu partout aux États-Unis. Ce qui fut désagréable, c’est de se faire laisser tomber à de nombreuses reprises par des gens qui semblaient intéressés à collaborer et qui ont reculé une fois le moment arrivé malgré tous les efforts et toutes les ressources que j’ai déployés pour les rejoindre. Beaucoup étaient intéressés par le projet, mais en fin de compte, ils ont eu peur d’aller de l’avant.
Comment c’est passé tes tournages dans quelques provinces canadiennes?
Très bien. J’aime le charme naturel du Canada et certaines villes sont vraiment très belles. Et j’ai rencontrés des Canadiens qui sont de très bons vivants.
Je sais que tu étais présent lors des célébrations de la Fierté de l’an passé à Montréal, est-ce que tu as eu un peu de temps pour en profiter et est-ce que c’était ton premier voyage ici ?
Oui, c’était ma première visite à Montréal. C’est une ville magnifique et les gens sont fantastiques. J’aurais aimé y rester plus longtemps. Et j’aurais bien aimé parler le français aussi !
Tu as travaillé pour de très nombreux studios et sites, est-ce que tu sais combien de vidéos tu as tourné ?
À vrai dire, je n’en ai aucune espèce d’idée, je ne tiens pas le compte du nombre de scènes que je tourne.
Que peux-tu nous dire de ton expérience dans l’industrie porno ?
Jusqu’à présent, cela fut un excellent moyen pour moi d’appuyer ma carrière dans les arts et d’entretenir une relation avec mon public qui a soutenu énormément tout mon travail.
Tu as reçu un prix Cybersocket Web Award pour la meilleure personnalité (2016)… Qu’est-ce que tu as ressenti en recevant un tel prix ?
Je ne m’attendais pas du tout à ça. J’ai trouvé que c’était très aimable de leur part. Je n’avais encore jamais reçu un prix de l’industrie avant celui-ci et j’ai été très honoré de le recevoir.
Est-ce que tu apprécies autant faire de la porno qu’à tes débuts ?
Oui. Et probablement même plus encore parce que je suis moins gêné qu’auparavant.
Mais qu’est-ce qui t’as amené dans le milieu de la porno et avais-tu eu l’idée d’y faire carrière ?
Et bien après l’université, je n’arrivais pas à décrocher un emploi et j’avais besoin d’argent. Mais je ne croyais pas que c’était quelque chose qui allait durer aussi longtemps.
Est-ce difficile de s’adapter au «genre» porno de chacun des studios ?
Non, je suis très assidu et j’ai été complimenté par la plupart des réalisateurs et des partenaires pour mon professionnalisme. Je me présente au travail et je travaille jusqu’à ce que la production soit terminée. Je n’ai pas beaucoup de temps libre, alors j’aime travailler avec des réalisateurs et des acteurs qui peuvent se concentrer [sur la scène] jusqu’à ce qu’on la finisse. Que ce soit pour la porno ou pour d’autres formes d’arts, j’aime toujours donner plus que ce qu’on me demande.
Tu accomplis bien des scènes pour Jake Jaxson et CockyBoys. Parles-nous un peu plus de cette relation ?
Jake Jaxson est un bon ami et un collègue de choix. J’adore travailler avec CockyBoys en raison de leur vision esthétique qui guide tous leurs projets. Je suis toujours surpris par l’ampleur et la profondeur des projets qu’il réalise et j’ai été très chanceux de pouvoir œuvrer au sein de leur équipe plusieurs fois.
Certains journalistes t’ont surnommé le plus «hipster» des porn stars ! Pourquoi penses-tu qu’on t’a «collé» une telle étiquette ?
«Hipster» est un moment intéressant et important dans l’histoire culturelle en Amérique (et dans le monde). Je ne sais pas si vous avez lu «Class : A guide through the American status systems», de Paul Fussel, mais les «hispters» ne sont pas si différents de la classe X, des hippies ou même des Bohémiens qui les ont précédés d’ailleurs. Il y a ici une connexion à une révolution dans l’idéologie rejetant les normes et les standards qui freinent les gens et limitent le bonheur et où l’exploration de l’amour, de l’art et du bonheur sont considérés comme des valeurs encore plus élevées que la richesse et le pouvoir. Et puis, de tels mouvements sociologiques sont éventuellement presque toujours détournés, étiquetés et limités par la culture de masse. C’est la nature des choses. n + 1 [NDLR : édition spéciale du magazine n + 1 sur le phénomène hipster d’un point de vue sociologique, octobre 2010] a fait une étude très intéressante sur le phénomène «hipster», sur la signification du mot, sur ce que [le mouvement] a voulu dire et continue encore d’être aujourd’hui, je recommande cet ouvrage à quiconque se sent interpellé par la question et veut en savoir plus sur ce sujet. Tout ça pour dire finalement qu’en règle générale, j’essaie de ne pas me soucier sur ce que les gens disent de moi.
Y a-t-il un fantasme que tu n’as pas encore exploré devant la caméra ?
Je n’ai pas encore fait un groupe de plus de cinq ou six devant la caméra. J’adore les films de Bel Ami avec leurs 30 et quelques corps enchevêtrés les uns aux autres et je crois qu’une scène comme ça serait des plus plaisantes à réaliser.
Te considères-tu comme top, bottom ou plutôt «versatile» ?
Versatile, mais je crois que j’évolue à travers différentes phases…
Y a-t-il quelque chose de particulier que tu aimerais dire à tes fans au Canada qui liront cette entrevue ?
Félicitations pour l’élection de Justin Trudeau et, s’il vous plaît, faites tout ce que vous pouvez pour appuyer vos amis en Amérique afin qu’ils puissent faire bouger ce pays vers le progrès !
Quels sont tes prochains projets ? Je n’ai encore rien annoncé, mais vous allez en entendre parler très bientôt, ce sont de nouvelles choses qui s’en viennent. Je vais, également, effectuer plus de voyages cet été afin de présenter Colby Does America dans les universités et les festivals de films et ce, autant aux États-Unis qu’ailleurs à l’international. Mais il n’y a rien du côté du Canada encore…
Donc, pas de plans pour qu’on te revoit à Montréal sous peu ?
Malheureusement non…. pas pour le moment.