Personnage issu de la série animée Batman diffusée au début des années 90, Harley Quinn a immédiatement su capter le regard du public. Le personnage s’est vu ensuite réapproprié et développé dans la bande dessinée et on lui compte même diverses séries en mode solo. Ces dernières années, la bisexualité du personnage a été mise de l’avant, en particulier au regard de sa relation avec Poison Ivy au plus grand plaisir des fans.
Bien évidemment, le médium cinématographique (The Suicide Squad, Birds of Prey) s’est montré particulièrement frileux et n’a abordé le thème que du bout de lèvres et on pourrait pu imaginer qu’il faudrait encore attendre cent ans avant d’avoir quelque chose de vraiment concret à se mettre sous la dent.
C’était cependant sans compter sur une série d’animation développée par Justin Halpern, Patrick Schumacker et Dean Lorey développée pour DC Universe (Adult Swim au Canada) et diffusée depuis septembre 2019. Et laissez-moi vous dire que le résultat est tout à fait jouissif puisque la série se montre particulièrement iconoclaste et n’hésite pas à aborder des thèmes très adultes, à tenir un discours féministe assumé et à nous offrir une réelle progression psychologique des personnages tout en faisant preuve d’un humour incisif où les métaréférences pullulent.
Harley Quinn n’en peut plus de vivre dans l’ombre du Joker et décide de devenir une membre à part entière de la Legion of Doom (surnommé la Legion of Dildos par Poison Ivy). Trahie par ce dernier, elle se retrouve en prison à l’asile d’Arkham, mais demeure convaincue que son amant va venir la sauver. Pendant un an, elle demeure sans nouvelle, mais développe une relation amicale avec Poison Ivy. Les deux femmes s’évadent et notre héroïne réalise que sa relation avec le Joker était toxique et qu’elle ne constituait qu’un simple pion dans les plans de celui-ci. Elle décide alors de monter sa propre équipe et de s’imposer comme une force du milieu criminel.
Résumé de la sorte, il semble ne rien se passer de très excitant, mais le rythme demeure au contraire échevelé et enfile action, moments d’introspection, humour déjanté, violence exacerbée et scènes plus tendres. Par exemple, dans l’épisode 3 (So, You Need a Crew?), alors elle n’est pas prise au sérieux en raison de son sexe, elle recrute Clayface et Doctor Psycho afin de cambrioler le domaine de Maxie Zeus où tout ce que l’on peut retrouver de masculinité toxique est présent (incluant de légers flous artistiques sur les nombreux phallus qu’arborent les peintures et les sculptures représentant le super vilain). Le résultat est délirant à souhait!
King Shark, Sy Borgman et Frank the Plant se joignent éventuellement à son équipe et la série compte également sur la présence récurrente du Commissaire Gordon (un looser alcoolique), Batman (qui refuse de ne pas être invulnérable), Alfred (sarcastique à souhait), Barbara Gordon/Batgirl (en groupie de Batman), Kite Man (dont les pouvoirs se concentrent autour des cerfs-volants), le Sphinx et de nombreux autres. Il faut également souligner le malin plaisir des scénaristes à se moquer des clichés entourant certains personnages iconiques.
Je pense notamment à Superman toujours à prononcer des discours de jeune scout un peu trop enthousiaste ou encore, dans une scène surréaliste (saison 2, épisode 12) en train de se palper les pectoraux après avoir été aspergé de phéromones.

La relation entre Harley et Poison Ivy est progressivement développée dans la saison 1, mais c’est dans la saison 2, diffusée quelques semaines après la conclusion de la première, qu’on assiste à l’éclosion d’un sentiment amoureux véritable entre les deux femmes. On pourrait croire que les personnages vont simplement se contenter d’évoquer leurs sentiments, mais rien de plus faux! Je n’e dirai cependant pas plus et vous laisse tout le plaisir de le découvrir. 6 Benoit Migneault Un pur plaisir que l’on soit un fin connaisseur ou un simple curieux.
Aucun doublage français n’est pour le moment disponible, mais cela ne saurait tarder. Pour le moment, savourer la bande-annonce de la saison 1