Jeudi, 3 octobre 2024
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    FTA 2021 : Artiste aux cent profils, 2Fik veut partager le plaisir

    En 2015, l’artiste multidisciplinaire 2Fik avait formidablement surpris les habitué.es du Festival TransAmériques (FTA) avec une audacieuse représentation et interprétation de La Chasse-Galerie, où les bûcherons sur le canot volant de la légende, avaient été remplacé par une autre galerie de personnages représentant une grande diversité de genres, d’origines et de cultures, tous incarnés par 2Fik, lui-même. Pour l’édition du FTA 2021, l’artiste revient avec La romance n’est pas morte, 2Fik!, une autre proposition audacieuse qui sera participative. Avis aux amateurs (et aux amatrices) d’applis et de sites de rencontres — et même aux néophytes —, ce sera l’occasion de s’amuser et de réfléchir sur les grandeurs et les misères des rencontres en ligne.

    C’est un projet avec lequel 2Fik a jonglé depuis plus de cinq ans, réunissant autour de lui des collaborateurs qui l’ont aidé à finaliser cette création et pour laquelle il invite aujourd’hui le public à le rejoindre et pas seulement en ligne. Petit détour dans l’imaginaire de ce Québécois-Français-Marocain, rien de moins, qui passe dans son propre scanner nos nouveaux comportements. Et il connaît bien les réseaux sociaux et les sites de rencontre pour les fréquenter lui-même depuis longtemps.

    «Tout a commencé il y a environ cinq ans, lorsqu’après m’être montré en femme à barbe voilée, précisant que c’était une création, je me suis fait jeté violemment d’un site, explique 2Fik, et j’ai reçu des attaques violentes alors que j’avais présenté une photo de profil de frères jumeaux – en fait moi-même, dédoublé! Il n’y avait, là encore, aucun mensonge puisque j’expliquais ma démarche, mais ce n’était pas suffisant.»

    Des expériences qui l’ont tout d’abord laissé perplexe, puis il s’est intéressé à comment chacun se construisait un personnage pour se présenter à son meilleur sur les sites de rencontre, et de quelle façon la sélection s’opérait aussi bien pour celui ou celle qui postait son portrait que par celles et ceux qui le découvraient.

    «Sur les sites de rencontre, on veut séduire, on veut être aimé. Et, contrairement à une idée reçue, pas seulement dans la recherche d’une aventure sexuelle», précise le créateur. «Bien évidemment, on veut mettre toutes les chances de son côté. Donc on devient un produit, un objet que l’on met en marché sur les sites de rencontre, ce qui est aussi une mise en danger. Car sur les sites, si l’on peut être un objet de désir, on peut être aussi très régulièrement un objet de rejet; et un rejet qui ne se fait généralement pas dans la douceur».

    Être déconnecté sans plus de commentaires reste l’attitude la plus courante, mais parfois des commentaires extrêmement blessants, injurieux renforcent le sentiment de rejet. Des commentaires qui blessent parfois durablement la personne rejetée. Comme le résume avec humour 2Fik, le site de rencontre est comme une épicerie, «imaginez que vous cherchiez un concombre, vous faites votre choix parmi de nombreux concombres, mais en étant vous-même un concombre qui peut être choisi… ou pas».

    Pour le créateur — qui a été, au cours des dernières années, un utilisateur d’applis et de sites de rencontres de différents pays, allant jusqu’à se créer de nombreux profils —, les points communs sur les manières d’interagir des utilisateurs et des utilisatrices révèlent de nombreux points communs dans le processus des échanges et de la séduction. «Il y a toute une codification de la séduction qui reste la même: tout d’abord de se montrer à son meilleur; ensuite dans la description courte que l’on fait de soi-même, de ses goûts et de ce que l’on recherche, continue 2Fik, et liée à ce qui pourrait correspondre aux attentes d’éventuels autres profils. En fait, dès que l’on se branche, on est sous pression, dans une forme de performance, dans le désir toujours exacerbé de peut-être trouver quelqu’un d’autre qui serait encore plus en phase avec nos fantasmes.»

    D’autant que l’on peut passer des heures, collé sur son cellulaire ou son écran d’ordinateur. «Cela change aussi nos manières de nous rencontrer. Avant, il fallait sortir, aller dans des bars pour rencontrer quelqu’un et ça ne représentait qu’un moment ou plusieurs parmi nos activités habituelles. Alors que là… on peut rester branché toute la journée si cela nous tente», commente 2Fik.

    Pour son spectacle La romance n’est pas morte, 2Fik! présenté au FTA, l’artiste prendra ses quartiers dans la 5e Salle de la Place des Arts pour plusieurs jours et ouvrira un site de rencontres imaginé par lui. Il interprétera 100 personnages différents ou plutôt 100 profils différents avec lesquels le public pourra se connecter, pour interagir, pour discuter et, qui sait, se laisser séduire, et ce, 7 heures par jour. Et il sera possible de rencontrer ces personnages durant la performance en se déplaçant, tout en gardant en tête les mesures sanitaires, pour approcher en chair et en os le créateur aux multiples facettes et tous ses avatars.

    Nos formes de relations changent, évoluent, pour le meilleur comme pour le pire, mais peuvent aussi être sources de création, d’imagination et de réflexion, et ce, de manière ludique car il semble que 2Fik soit aussi un adepte pas seulement du désir mais du plaisir. Et le plaisir se partage.


    INFOS | Pour connaître les dates de La romance n’est pas morte, 2Fik!, rendez-vous sur fta.ca

    DU 2 AU 9 JUIN De 13 h à 19 h. Toutes les 2 h

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