Mercredi, 15 janvier 2025
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    The Orville : explorer hardiment la transidentité

    Titre apparemment étrange, mais qui se veut une référence au « boldly go » du générique d’ouverture de la série originale deStar Trek (« to boldly go where no man has gone before ») auquel The Orville rend hommage. Dans les premiers épisodes, la série semblait se complaire dans une vision parodique de la célèbre série, mais elle s’est ensuite orientée vers un savoureux pastiche des plus grandes qualités de cette dernière, avec des scénarios à la fois originaux et innovateurs.

    À l’époque, septembre 2017, une comparaison s’est immédiatement faite entre Star Trek Discovery et The Orville. Il faut dire qu’en plus d’une grande qualité des effets spéciaux, la série renouait avec ce qui avait fait le succès de Star Trek : une intrigue épisodique présentant chaque fois un nouveau problème à résoudre, alors que Discovery privilégiait un arc narratif étalé sur 15 épisodes. Au-delà d’une guerre des formats narratifs, une autre différence tient en la qualité et la complexité des épisodes mis en place dans The Orville, la diversité de l’équipage et des civilisations rencontrées et certains thèmes avant-gardistes.

    À titre d’exemple, dans l’épisode 9 de la saison 1 (Cupid’s Dagger), le capitaine Mercer (Seth MacFarlane) et la première officière Grayson (Adrianne Palicki) couchent séparément puis ensemble avec le représentant mâle d’une autre civilisation. La clé de voute de l’intrigue n’est pas la relation homosexuelle de Mercer, qui est avant tout anecdotique, mais bien plutôt un conflit entre deux civilisations ennemies autour de la possession d’une planète. La prémisse étant qu’au 25e siècle, l’orientation sexuelle ou les questions de genre ne sont plus un enjeu. L’épisode 7 de la saison 2 (Deflectors) est centré sur le représentant d’une planète qui doit cacher une hétérosexualité considérée comme déviante, alors que l’épisode 2 (Primal Urges) explore la problématique de la dépendance pornographique facilitée par la technologie virtuelle des holodecks.

    La série ménage d’autres scénarios étonnants, comme le suicide d’un androïde, sans jamais sombrer dans la facilité et en n’empruntant pas une solution mille fois ressassée dans les séries de SF. Là où elle innove également avec force est dans son traitement de la question du genre et de la transidentité.

    Le second officier Bortus (Peter Macon) est originaire de la planète Moclus, uniquement composée de mâles (il faut accepter cette prémisse étrange), et partage ses quartiers avec son conjoint, Klyden (Chad Coleman). L’épisode 3 de la saison 1 (About a girl) présente les deux conjoints catastrophés, puisque leur nouveau-née s’avère être une fille. Le défaut génétique doit impérativement être corrigé, comme c’est toujours prescrit sur leur planète. Un procès s’ensuit cependant puisque Bortus en vient à changer d’avis quant à la nécessité du changement. L’épisode se conclut par un rejet des doléances de Bortus et le bébé, Topa, est donc opéré.

    Triste conclusion, mais qui permet cependant de présenter des points de vue très divergents, dont un témoignage de Klyden qui révèle être lui-même né femelle et ne pas vouloir imposer cette « stigmatisation » à son enfant. Même si la résolution laisse un gout amer, l’épisode permet cependant d’installer les positions de chacun, tout en établissant également que des femmes existent bien dans cette civilisation, même si elles demeurent une minorité bien cachée.

    Dans l’épisode 5 de la saison 3 (A Tale of Two Topas), le jeune Topa (Imani Pullum) est maintenant adolescent et ressent un mal intérieur profond qu’il ne peut s’expliquer jusqu’à ce qu’il découvre la vérité sur son origine. Il demande d’être réassigné selon son sexe de naissance et l’intrigue évolue alors sur un fond de conflit diplomatique interplanétaire, où toute résolution semble impossible. Une solution ingénieuse et inattendue se met en place au cœur d’un épisode bouleversant qui fait dans la dentelle, n’hésitant pas à aborder de front des problèmes d’intolérance, de stigmatisation, de santé mentale et de suicide. De fait, les deux épisodes pourraient sans doute faire office d’outil pédagogique fort efficace dans les classes.

    Fait surprenant, les deux épisodes, ainsi que plusieurs autres, ont été écrits par Seth MacFarlane, que l’on connait avant tout comme scénariste et producteur des séries animées Family Guy (Les Griffin) et American Dad, qui versent rarement dans la subtilité. Rien de tel en la présente puisque la quasi-totalité des épisodes de la série, à l’exception des premiers de la saison 1, se distingue par un étonnant maillage de thèmes de science-fiction, d’enjeux sociaux, d’action et d’humour.

    Sur une note plus légère, la saison 3 a également amené la première apparition d’escaliers en colimaçon intégrés aux vaisseaux spatiaux dans une série télévisée, répondant ainsi à l’éternelle question : que fait l’équipage lors d’une panne d’ascenseurs !

    The Orville est disponible sur Disney+ incluant un très bon doublage français.

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