La mairesse de Montréal annonçait jeudi matin une série de mesures pour sécuriser les rues et les parcs du Village où l’itinérance, la toxicomanie et la détresse psychologique ont atteint un niveau qui nuit à l’achalandage et minent la qualité de vie des résidents.
« Avec la COVID, on a vu que ça a créé une pression indue sur le secteur. Je dirais même une certaine fracture dans le quartier», a constaté Valérie Plante.
Cette « Stratégie d’intervention collective pour le Village », a été planifiée «bien avant tout ce qui se passe maintenant», soutient la mairesse. «On prend ce problème-là très au sérieux. On ne lâchera pas et on va continuer à soutenir tout le monde», a dit la mairesse, en rappelant que «40 policiers supplémentaires patrouillent dans le secteur depuis déjà quelques semaines. Leur impact prendra tout de même un certain temps à se matérialiser», a-t-elle précisé.
À ses côtés, le directeur de police du SPVM, Fady Dagher, a appelé les commerçants à la patience : «ne lâchez pas prise, dans le sens qu’on va réussir, mais ça va prendre encore un peu de temps.» Il a expliqué que depuis février, ses troupes ont mis « plus de 5000 heures de patrouille » dans le Village et réalisé plus de 2700 interventions tantôt répressives, tantôt pour entrer en relation avec les communautés. « On a aussi continué à sensibiliser avec les commerçants pour leur dire : dès qu’il y a quelque chose, appelez-nous », maintient M. Dagher.
Pour faire face à la cohabitation de plus en plus problématique entre les populations vulnérables
et la vocation touristique et résidentielle du quartier, la Ville de Montréal a mis en place une cellule de crise en février dernier pour tenter de rendre sa convivialité, et surtout sa sécurité, au quartier.
DE PLUS…
• une équipe de concertation communautaire et de rapprochement (ECCR) a également été déployée sur le terrain pour identifier des solutions durables aux enjeux de sécurité urbaine et de cohabitation sociale. Les CIUSSS du Centre-Sud et du Centre-Ouest sont aussi mis à contribution pour venir en aide aux populations vulnérables du secteur.
• une équipe d’intervention (GRIP Montréal), spécialisée en prévention des violences sexuelles, sera aussi déployée dans le même secteur afin d’effectuer des interventions de proximité et de fournir de l’accompagnement psychosocial.
• deux personnes en intervention psychosociale de l’Équipe mobile de médiation en intervention sociale (EMMIS) ont aussi été nouvellement assignées exclusivement au secteur de la place Émilie-Gamelin et du Village, et ce, sept jours sur sept, promet-on dans la Stratégie d’intervention collective pour le Village.
• à cela s’ajouteront un plan de propreté public et des budgets supplémentaires pour améliorer l’aménagement de la place Émilie-Gamelin et de l’entrée du Village.
• de l’animation de rue sera aussi au menu pour occuper davantage l’espace public.
• du financement supplémentaire est aussi annoncé pour améliorer l’animation des lieux pendant l’hiver.
« On ne lâchera pas, on veut que ce soit sécuritaire dans le Village», a réitéré Valérie Plante à la fois mairesse de Montréal et mairesse de l’arrondissement Ville-Marie où est situé le Village.
UN PROBLÈME COMPLEXE
La stratégie présentée par la Ville est le résultat d’une année de travaux et de consultations des résidents, commerçants et divers acteurs sociaux et institutionnels du quartier via ce qu’on a appelé le forum sur l’avenir du Village.
«Quand on pense à l’avenir du Village, il faut penser à la sécurité, mais il faut aussi avoir une vision, une direction dans laquelle on avance tous ensemble avec des objectifs, ou du moins des devoirs à faire en fonction de nos rôles et responsabilités», explique Valérie Plante. «Il faut s’intéresser à l’accès au logement, aux services adaptés, il faut s’intéresser aux soins de santé, dont la santé mentale, il faut s’intéresser à la sécurité et l’accompagnement des plus vulnérables, mais également à l’aménagement public et la propreté», résume la mairesse, qui a rappelé que des progrès visibles ont été accomplis, mais qu’il faudra encore du temps et des efforts pour rendre au quartier son lustre et son attractivité.
RÉACTION DE L’OPPOSITION
« Il est inadmissible qu’il ait fallu que des commerçants fassent une grève de leur terrasse pour que la mairesse s’attarde à la situation dans le Village» a réagit Aref Salem, chef de l’Opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal. «C’est d’autant plus déplorable qu’on parle de l’arrondissement qu’elle gouverne depuis six ans. La vision présentée aujourd’hui est un premier pas, mais nous sommes sceptiques qu’elle suffira à donner le coup de barre qui s’impose. Aucune mesure à court terme n’a été présentée pour répondre aux besoins des personnes vulnérables. L’administration Plante démontre une fois de plus son inaction dans un dossier aussi sensible et pressant. »