Mercredi, 4 décembre 2024
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    Susciter la division ou sensibiliser

    Une heure après le début du défilé de Fierté Montréal, vers 14 h15, quelques dizaines de manifestants se sont détachés du contingent jeunesse dans lequel ils marchaient. Le groupe a fait demi-tour pour marcher à contre-courant du défilé, sous les encouragements des uns et les huées des autres et des remarques désapprobatrices.

    « Pas de fierté face au génocide », scandaient les protestataires en anglais. Isolé par des policiers, le groupe s’est arrêté au coin du boulevard René-Lévesque et de la rue Jeanne-Mance, bloquant l’avancée des nombreux contingents derrière eux (un peu plus de 30% du défilé), suscitant la surprise, voir l’incompréhension des spectateurs. L’organisation de Fierté Montréal a tenté de raisonner de manière pacifique (nous en avons été les témoins) — avec qui l’organisation avait déjà eu des rencontres au cours des derniers mois —, mais devant le refus des manifestants de reprendre la marche ou d’en sortir, la décision a été prise de les contourner en empruntant la voie sud du boulevard René-Lévesque.

    Le défilé s’est poursuivi dans le calme avec une ambiance festive sous les applaudissements du public, avant de se terminer dans le Village où la fête s’est prolongée. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé n’avoir fait aucune arrestation en lien avec la manifestation.

    Si certaines personnes dans la foule ont semblé approuver le coup d’éclat des manifestants, un grand nombre nous ont exprimé leur mécontentement, voire leur désolation face à « l’aveuglement de militants ». « Je suis mal à l’aise que Fierté collabore avec des compagnies liées à Israël, alors je suis content de voir des gens manifester », nous a dit Rex, en applaudissant les manifestants qui passaient devant lui.

    Pour Jade, une adolescente qui assistait au défilé avec des ami.e.s, il était légitime que les revendications propalestiniennes s’invitent à la Fierté. « La liberté et les droits de tout le monde sont interconnectés, c’est normal que des gens viennent manifester pour la Palestine aujourd’hui », a-t-elle ajouté, tout en trouvant dommage que les manifestants aient décidé de bloquer les autres participants qui n’ont rien à voir avec le conflit. «C’est un peu absurde de prendre en otages d’autres personnes LGBTQ pour faire passer ton message.»

    Pas très loin d’elle, Daria, une canadienne, expatriée d’Iran, résidant à Montréal depuis 14 ans, nous confie : «Je suis contre la guerre et je crois qu’Israël joue avec le feu en ce moment, mais il est clair que ces manifestants n’ont pas vécu l’oppression de l’Islam et l’obscurantisme du système patriarcal du Moyen-Orient. Nous avons tous et toutes des identités multiples. Je suis perse, femme et queer, mais aujourd’hui on marche pour les droits des personnes LGBTQ+. Ces manifestants sont-ils conscients et conscientes qu’ils jouent actuellement le jeu du Hamas, financé en encouragé par les Mollahs de mon pays d’origine, qui n’ont qu’un seul but déstabiliser la région pour garder une position stratégique et éliminer Israël,? »

    Pour d’autres (la grande majorité), la manifestation a perturbé une journée de célébration. « Je pense que leur message aurait eu plus de portée s’ils avaient marché comme tout le monde et pris une approche de sensibilisation au lieu d’une d’affrontement », a déploré Arianne, accompagnée de sa conjointe Marie-Jo. « En s’immobilisant là et en bloquant le reste du défilé, même si ce n’est que 30 ou 45 minutes, ils ne font que créer de la colère. Pourquoi importer la guerre ici, plutôt que militer pour la paix? Je sens de l’intransigeance dans leur message ».


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