Vendredi, 14 février 2025
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    «1:54» : Entrevue top chrono avec Yan England

    Récemment honoré au Festival du film francophone d’Angoulême en France, le premier long-métrage de Yan England, intitulé 1:54, prendra l’affiche le 13 octobre prochain sur nos écrans. Un thriller psychologique où l’athlétisme devient un exutoire nécessaire à l’intimidation scolaire, notamment en raison de l’orientation (homo) sexuelle (présumée) de certains personnages. Entrevue avec Yan England, qui passe cette fois derrière la caméra, pour réaliser cette histoire « qu’il avait en tête depuis très longtemps ».

    Souvent les premières oeuvres ont quelque chose d’autobiographique. Est-ce le cas avec 1:54 ?

    Sans être nécessairement autobiographiques, il y a des choses qui sont inspirées de ce que je connais. Mon métier d’acteur et d’animateur dans le milieu jeunesse, m’a permis de toujours être impliqué, j’ai beaucoup côtoyé les milieux étudiants. En faisant des conférences dans les écoles et aussi en échangeant avec les jeunes sur les médias sociaux, j’ai développé un lien particulier. Aussi, je suis un coureur de 800 mètres et je fais beaucoup de compétitions sportives. Comme ces deux milieux font partie de mon quotidien et que je les connais beaucoup, j’ai voulu les explorer.

    Les protagonistes de 1:54 vivent de l’intimidation scolaire en raison de leur orientation sexuelle ou de leur homosexualité présumée…Est-ce que l’idée d’aborder cette thématique t’es venue lors de tes visites dans les écoles?

    En fait, je vais être très honnête, ils ne vivent pas cette pression là à cause de l’homosexualité, car ce n’est pas avoué, même pour eux autres ce n’est pas clair…Ce n’est pas ce lien-là directement, car ce n’est pas assumé…

    Mais c’est intéressant justement, car c’est souvent le cas: ils ne s’assument pas d’emblée, ne font pas leur coming-out par peur d’être rejeté, d’où la difficile acceptation…

    Tout à fait. Mais j’ai plus été sur le principe que Tim dans le film ne s’assume pas. Il est dans cette recherche. Je pense qu’il y a un principe à l’école: au primaire les gens les plus proches de nous sont nos parents, au secondaire les personnes à qui on se confie ce sont nos amis et on ne veut pas être différent des autres, on veut faire partie d’une gang, on ne veut pas être en marge. Mais quand on rentre au Cégep c’est autre chose, on veut être anticonformiste. Donc pour 1:54 je voulais vraiment regarder la rivalité derrière la compétition et jusqu’où cette rivalité peut mener: Tim est en 5e secondaire et ça fait 4 ans qu’il se fait écoeurer à l’école, pas parce qu’il est gai, personne le sait, même lui ne le sait pas… C’est parce que ça tombe sur lui, malheureusement…Justement, ce côté homosexuel j’en parle pas, pas parce que je ne veux pas en parler, au contraire, mais j’aime que les gens soient surpris et qu’ils le découvrent en regardant le film, en même temps que Tim continue à se questionner finalement.

    Bien qu’il y ait plusieurs angles au film, l’angle de l’intimidation est intéressant, puisque nécessairement d’actualité chez les jeunes. C’est aussi beaucoup moins tabou.

    Souvent on n’a pas conscience de la portée de nos paroles…ça peut paraitre anodin, mais la personne qui les reçoit peut les vivre très différemment. Quand on parle d’intimidation, je ne veux pas que les gens pensent que 1:54 est un film moralisateur, car ce n’est pas ça du tout!

    Tu remercies au générique la Fondation Jasmin Roy, (Jasmin a publié Osti de fif !en 2010). Est-ce que ce fut une aide dans tes recherches pour la scénarisation?

    Ca fait 4 ans que je travaille sur le film, alors il y a plusieurs personnes à remercier. Pour 1:54 j’ai essayé d’aller chercher quelque chose de très authentique et de rentrer dans un milieu, où souvent tout n’est pas dit. Beaucoup de personnes travaillent (à briser le silence) comme Jasmin et ce qu’il fait est incroyable. J’avais fait lire mon scénario à Jasmin. C’est vraiment à travers tout ça, tout ce qui se passe, que j’ai pu raconter l’histoire de 1:54. Plein de gens m’ont aidé. On a tourné dans les locaux du Cégep Édouard-Montpetit et à l’école secondaire Jacques-Rousseau pendant les heures de cours. Je voulais donner un feeling vrai au film, pour que les jeunes et les profs qui sont à l’école, puissent se dire « oui ça se passe de même! » J’espère que les gens de tous âges vont aller voir le film et se reconnaitre quelque part…

    «1:54» sera à l’affiche dès le 13 octobre.

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