Il y a eu demande en bonne et due forme, joie, émotion, annonce aux proches, de longs mois de préparation… Et soudain, le coronavirus. L’épidémie est venue changer les plans de mariages printaniers et estivaux. Témoignages des naufragés des noces entre fatalisme, espoir et inquiétudes.
La fête n’a pas eu lieu. Étienne, 32 ans, et Karl, 26 ans, y ont pourtant cru jusqu’au bout. Mais le confinement décrété à la mi-mars a eu raison de leurs espoirs, amputés à mesure que la date du mariage approchait.
«Nous avions réservé les tentes, le traiteur, le fleuriste, les tuxedos. Une semaine avant que le confinement soit déclaré, nous commencions à comprendre que nous serions bien moins que les 140 personnes initialement prévues. On a refait la liste, rappelé les prestataires, réorganisé le mariage. Puis on compris d’abord que ça ne sera plus que 50 personnes, puis 10, puis rien du tout. C’était la déroute et la déception.»
Les deux jeunes hommes ont dû se résoudre à reporter l’événement prévu fin mai qui a nécessité plus de six mois de préparation. Un scénario qui touche bien d’autres couples à l’heure où la saison des mariages est traditionnellement lancée, et qui les plonge dans l’incertitude.
Pour lutter contre l’épidémie du covid-19, le gouvernement a progressivement interdit les rassemblements – de plus de 500 personnes, puis de 250 personnes et de plus de 50 personnes – avant d’opter pour le confinement général. Les déplacements essentiels sont tolérés, mais les mariages et les funérailles n’en font pas partie.
Les lieux publics et salles de réceptions ont suspendu toutes les cérémonies prévues jusqu’à la mi-avril et il est possible que cet arrêt se poursuive au moins jusqu’à la fin mai sinon en juin. L’impact est important, on ne sait pas si les rassemblements vont de nouveau être autorisés automatiquement une fois le confinement levé.
Rester optimiste
En attendant les mesures formelles, la destinée des futurs mariés se joue mentalement. «Nous sommes à cinq mois du mariage, nous n’avons pas d’inquiétude», explique Benoît dont les noces sont prévues fin août dans les Cantons-de-l’Est. «D’ailleurs, on est en train de faire imprimer les faire-part», explique le trentenaire qui s’est rabattu sur le Web pour trouver un imprimeur.
Julio, la trentaine, a vu son mariage prévu le 28 mars, avec Pierre-Alain, être reporté par le Palais de Justice. «C’est peut-être un peu naïf, mais j’étais persuadé que ça allait passer comme un service essentiel un mariage, mais non», explique le jeune homme. Il a encaissé la première annulation et garde espoir de trouver une nouvelle date fin juillet ou début août. «Si je pense au report à plus tard, ça me déprime. Je préfère me dire que c’est encore possible cet été.»
Finances et désaccords
Pour d’autres, l’optimisme est plus relatif, notamment chez les couples où la question du report de l’union divise. «Pour le moment, on maintient, mais je pense que ce serait bien de décaler à septembre», explique Lee dont la cérémonie ést prévue le 25 juin à Québec. «Mon fiancé veut carrément déplacer d’un an, il redoute l’effet psychologique sur nos invités. Face à l’ampleur de l’épidémie, le report de mon mariage n’est pas ma préoccupation première, mais je me sens quand même responsable vis-à-vis de mes invités, car j’avais bien insisté pour que tout le monde réserve leur chambre d’hôtel, comme tout le monde vient d’un peu partout dans la province, de l’Ontario et du Nord des États-Unis.»
À l’incertitude du maintien des mariages, s’ajoute évidemment la question financière. Car si il y a annulation de la célébration, il y a sujet du remboursement du dépôt de sécurité.
On peut perdre de l’argent, tout dépend des termes du contrat et de ce que l’on définit comme cas de force majeur. Mais les prestataires ont tout intérêt à être dans l’empathie, ils sont les premiers impactés par ce chamboulement…
Reporter ou annuler
La solution de repli la plus envisagée est celle du report. Les professionnels du secteur recommandent d’appeler en premier les lieux de réception pour leur demander leurs conditions de report et les prochaines dates disponibles. Il faut néanmoins s’attendre à quelques déceptions.
D’autres, enfin, n’ont plus la tête à la fête. «J’ai subi une perte de salaire avec le confinement, j’ai préféré annuler», nous confie Vincent, restaurateur durement touché par la crise, et dont le mariage était prévu le 2 juillet. «La reprise va être une période compliquée. Et après ce que l’on aura vécu, on n’aura pas forcément envie de s’amuser tout de suite.»