Rainbow Railroad, un organisme basé à Toronto qui aide les personnes LGBTQ+ à fuir les persécutions, affirme avoir reçu des centaines de demandes d’aide d’Afghans craignant pour leur vie.
Kimahli Powell, directeur général de Rainbow Railroad, a déclaré avoir reçu plus de 200 demandes d’Afghans appartenant à la communauté LGBTQ+ tentant de s’échapper du pays. Selon lui, plusieurs craignent d’être dénoncés par leur famille.
Avec les talibans, nous craignons que les membres de la communauté [LGBTQ+] soient pris pour cibles, explique M. Powell. Nous voyons déjà des rapports inquiétants selon lesquels les talibans recherchent des membres de la communauté LGBTQ, et un rapport fait état d’une personne qui aurait été tuée.
L’homosexualité est criminalisée en vertu de la loi afghane, elle est passible d’emprisonnement ou d’une peine qui peut aller jusqu’à l’exécution. Un rapport de 2020 du département d’État américain sur les droits de la personne en Afghanistan a révélé que les personnes LGBTQ étaient confrontées à une discrimination en matière d’emploi et de soins de santé, notamment des agressions et des viols par les forces de sécurité.
Et M. Powell craint que les choses ne s’aggravent en Afghanistan avec l’arrivée au pouvoir des talibans, réputés beaucoup plus conservateurs et intolérants envers la population LGBTQ+.
Rainbow Railroad travaille à aider à déménager ou à soutenir les personnes de la communauté LGBTQ+ qui sont confrontées au harcèlement, à la discrimination au travail, à la violence ou qui sont en danger de mort dans le monde.
«Les Américains se réjouissent de dire que c’est la fin de la guerre, mais la guerre vient de commencer pour les Afghans», lance-t-il. «J’ai l’impression que la communauté LGBTQ+ a le plus à perdre.
»
Nemat Sadat explique que selon des contacts dans son pays, les talibans font du porte-à-porte à la recherche de journalistes, d’interprètes et de personnes LGBTQ+.
Cela a forcé certains membres de la communauté LGBTQ+ en Afghanistan à se cacher. C’est le cas d’Abdallah. «Je ne sais pas comment décrire mes sentiments, mais j’ai peur et je ne peux même pas penser clairement
, confie-t-il. Je veux quitter ce pays.
» Il raconte qu’il ne peut dire à personne qu’il est homosexuel : Ils appelleraient les talibans pour me dénoncer
, assure-t-il.
Nemat Sadat dit avoir reçu plus de 250 appels à l’aide de gens comme Abdallah à travers ses comptes de médias sociaux et ses courriels, le suppliant de les aider à s’échapper.
Rappelons que de nombreuses personnes ont fui le pays lorsque les talibans étaient au pouvoir en Afghanistan entre 1996 et 2001. Parmi ces réfugiés, il y avait des membres de la communauté LGBTQ+.
Avec peu de possibilités pour les gens de s’échapper, comme c’est le cas en ce moment, il faut s’attendre à voir les talibans exercer un contrôle absolu sur la population et ne montre aucune tolérance pour la dissidence.
Dans n’importe quel système répressif, la grande majorité des gens, à l’exception des dirigeants, en souffre. Avec l’effondrement de la société civile et de la loi, les groupes vulnérables, tels que les personnes LGBTQ+, seront encore plus ciblés.
Malgré les promesses de paix des talibans, il est souhaitable que la communauté internationale ne se laisse pas berner. Il n’est pas rare que lorsque des systèmes totalitaires prennent le dessus, ils fassent ce genre de promesses.
Avec les informations de CBC