Jeudi, 28 mars 2024
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    Saison 2 de Six degrés

    La première saison de la série Six degrés avait laissé les spectateurs sur un cliffhanger des plus dramatiques lorsque Léon, le personnage principal, annonçait à sa famille qu’il ne voyait plus rien. Était-ce permanent ou temporaire et comment Léon et ses proches chemineraient-ils face à cet événement ?


    Une trop longue année plus tard, le nouvel opus de cette excellente série de Simon Boulerice apporte les réponses tant attendues à ces questions et réussit le tour de force de demeurer tout aussi juste, sensible et captivant que dans sa première déclinaison. Il faut d’ailleurs saluer la maestria avec laquelle l’auteur mène de front ses multiples intrigues, puisque plusieurs auraient pu être tentés de faire du handicap de Léon le moteur principal de la série, alors qu’ici il évite avec adresse ce piège aguichant.

    Pour ceux qui n’auraient pas visionné la première saison, Six degrés nous entraine dans le parcours d’un adolescent, Léon (interprété très justement par Noah Parker), dont la vision se limite à un seul œil et à seulement six degrés. Cette réalité est donc centrale dans la vie quotidienne du jeune homme, mais n’en constitue cependant pas la pierre angulaire puisqu’on le suit dans ses relations, parfois conflictuelles, avec sa nouvelle famille latino-québécoise, ses amours, ses rêves et sa découverte d’un univers qu’il ne maitrise pas toujours complètement.

    Surprotégé par sa mère et scolarisé à la maison au cœur d’un village reculé, la saison 1 débutait par le décès de cette dernière, la découverte de son père biologique et la transplantation de l’adolescent à Montréal, dans une école publique. Le regard que porte Léon sur cette nouvelle réalité était donc à la fois inexpérimenté, parfois naïf, mais avant tout profondément inaltéré par les aprioris.

    L’univers créé par Simon Boulerice est par ailleurs profondément ancré dans une réalité contemporaine. La première saison avait habilement inscrit dans sa trame narrative des thèmes forts en lien avec des enjeux ethnoculturels, l’identité de genre, l’orientation sexuelle (lesbianisme et pansexualité) ou la diversité corporelle.

    La seconde saison poursuit cette lancée avec la même adresse et s’ouvre donc sur un Léon qui recouvre graduellement ses six degrés de vision, mais doit apprendre à composer avec une fragilité qui l’impatiente. Léon continue à explorer la relation amoureuse qu’entretenait sa défunte mère avec une pianiste, de même que ses propres sentiments envers Florence (Marine Johnson qui remplace Amaryllis Tremblay dans le rôle), qui souffre de fibrose kystique.

    Il noue également des liens avec Maggie (Emi Chicoine), une jeune aveugle au charisme stellaire qui l’éblouit, ainsi que Florence et vient ainsi remettre en question la nature de leur relation. Ricardo (époustouflant Anthony Therrien) fait face aux pressions de sa copine, Doris (Léanne Désilets), qui voit en leur première et future relation sexuelle une preuve formelle d’amour, ce qui déstabilise le jeune homme.

    De son côté, Francis (Alexandre Goyette) réalise qu’il a mis trop longtemps plusieurs de ses rêves de côté afin de subvenir aux besoins de la famille : même s’il ne regrette rien, se serait-il oublié ? L’arrivée d’une cousine, Amanda (Emmanuelle Lussier Martinez), viendra rapidement mettre le feu aux poudres entre celui-ci et son épouse, Julietta (Francesca Bárcenas). Finalement Bélinda (Evelyne Laferrière), l’ainée des enfants, doit composer avec sa nouvelle notoriété sur les réseaux sociaux et prend des décisions qui ne seront pas toujours heureuses.

    La notion même de relations de couple est donc bien souvent au cœur des multiples intrigues et Simon Boulerice, qui interprète également l’un des professeurs de l’école, n’hésite pas à ajouter à ces différentes remises en question en amenant Léon à réaliser que la définition même du couple n’est peut-être pas aussi définitive et immuable qu’il le croyait.

    Bref, une nouvelle saison qui aborde avec intelligence une multitude de thèmes captivants et sensibles, interprétés par une brochette de comédiens hors pair. Impossible de résister à une écoute en rafale. À noter que la série a remporté le prix Coup de cœur du Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain pour la justesse avec laquelle elle dépeint la réalité de ces personnes.

    Les deux saisons de Six degrés sont disponibles sur : www.tou.tv


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