Dimanche, 19 janvier 2025
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    Un instant avec Claire Pommet

    Si le nom de Claire Pommet vous semble familier c’est normal, car cette dernière répond également sous le nom de Pomme, le pseudo qu’elle utilise dans le monde de la chanson, où elle opère depuis de nombreuses années déjà. Alors qu’elle est plus familière avec les ambiances de studio d’enregistrement que les plateaux de tournage, l’artiste a pourtant accepté ce premier rôle de sa carrière, offert par Héléna Klotz, qui a rapidement vu en elle la personne idéale pour interpréterJeanne Francoeur, le personnage principal du filmLa Vénus d’argent

    Dans ce film, on parle de gros sous, puisque Jeanne Francoeur rêve de travailler en finances, et plus précisément en banque d’affaires. Un milieu très masculin qui est loin d’effrayer la jeune Jeanne qui a grandi dans un milieu ultra masculin. Mais dans La Vénus d’argent on parle aussi de quête de soi, de détermination et de non-binarité. Claire Pommet prend d’ailleurs les traits d’un personnage neutre, qui explique notamment à son patron qu’elle est neutre comme les chiffres : « On ne se pose jamais la question si un 7 est féminin ou masculin ». Un film qui montre que dans la vie tout est possible si on s’en donne les moyens, surtout si on reste fidèle à ce qu’on est et à nos valeurs. 

    Une interview réalisée en vidéo par Andrea Robert Lezark, alors que Claire Pommet était à Montréal, en février dernier, pour l’avant-première de La Venus d’argent, dont la sortie en salles au Québec est prévue le 22 mars. L’interview qui suit a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.

    – – –

    C’est un plaisir de te rencontrer. Ça fait des années que je suis ce que tu fais dans la musique, puis hier je découvert que tu es non seulement dans un film, mais qui tu y tiens le rôle principal.
    La Venus d’argent…

    Pour ceux qui ne te connaissent pas, dis-nous qui es-tu? 
    Qui suis-je? Où vais-je? (rires) Je suis Claire Pommet, je suis autrice, compositrice, interprète principalement, connue sous le nom de Pomme. Et là, j’ai fait mon premier film, c’est vraiment nouveau pour moi. La plupart du temps je suis plutôt musicienne. J’habite entre la France et le Québec. Et là, en ce moment, je suis bel et bien au Québec. Voilà.

    C’est ton premier film, comme tu viens de le dire. Alors comment ça s ‘est passé ce passage de la musique au cinéma? 
    En fait, quand j’étais enfant, j’avais cette envie un peu primaire d’être actrice, parce quand on est enfant on a envie de faire des métiers qu’on peut palper un peu. Souvent les enfants veulent être vétérinaires ou faire des métiers artistiques, parce que ce sont des choses auxquelles on a accès. On voit les vétérinaires soigner les animaux, on voit des films, on voit des acteurs faire du cinéma. Je trouve qu ‘il y a un truc vraiment hyper direct de rapport à «wow, j’aime ce que je vois», avec «j’ai envie de faire ça». 

    En fait j ‘ai fait une année de théâtre quand j’avais 8 ans. Et puis je me suis rendu compte que je n ‘étais pas hyper forte et je n’étais pas certaine à l’époque que c’était vraiment mon truc. En parallèle de ça, je chantais déjà et j ‘écrivais des chansons. 

    De manière naturelle, je me suis dirigée vers la musique. Mais durant le confinement en 2020, je me suis retrouvée confinée chez mes parents, dans la maison dans laquelle j’ai passé mon enfance et où j’habitais quand j’ai passé quelques castings et que j’ai fait mes cours de théâtre. 

    Ça a ravivé un peu ce désir-là de faire du cinéma, un désir que j’avais un peu mis de côté. Mais je n’étais pas en paix avec le fait de n’avoir jamais fait de cinéma, je crois. J’étais vraiment dans un truc du genre « j’aimerais bien faire ça, mais je fais semblant que je n’aimerais pas.» 

    Donc en 2020, j’ai dit à tout le monde dans mon entourage, que j’avais envie de faire du cinéma. Et on m’a mis en contact avec un agent et j’ai commencé à lire des scénarios. 

    Comment s’est passée la préparation pour ce premier rôle? Ton personnage dans le film est non binaire et il a une manière de s ‘exprimer assez particulière, avec un look très androgyne… 
    En fait c ‘est drôle parce qu’il y a eu des grands moments de vertige où je me disais mais je ferais incapable de faire ça parce qu’il y avait certains aspects du personnage qui était plus de l’ordre du jeu que moi je connaissais pas, comme de changer ma posture, de me tenir très droite, de pas du tout bouger mon visage quand je m’exprime et d ‘exprimer les choses plutôt par un ton, un peu monocorde et par une posture et une façon de me mouvoir dans l ‘espace mais pas du tout par moi mes expressions de visage habituelles où je bouge énormément les sourcils, où je vais bouger même le corps, me tenir pas droite et tout. Donc il y a eu cette préparation-là, physique. 

    Et pour ce qui est de la question du genre, c’est vrai que c’est une des questions qui, à la base, est présente dans ma vie. La féminité comme elle est présentée dans la société, ce n’est pas un concept auquel j’arrive à adhérer, dans lequel je ne me reconnais absolument pas là-dedans. 

    Même sans parler forcément de non-binarité — parce que moi je me sens pas non-binaire personnellement —, mais dans l’idée de redéfinir ce que c’est que la féminité et ce que c ‘est que la masculinité. Ça c’est quelque chose qui me touche et qui me parle déjà. 

    Donc c’était hyper excitant et intéressant pour moi d’incarner ce personnage-là, qui se présente comme une femme, mais qui en même temps, on sent qu’elle est en construction, qu’elle cherche justement son identité et qu’elle ne se reconnaît pas du tout — comme bien des femmes de mon âge — dans ce que c’est qu’être une femme en 2024, selon les codes de la société. 

    Et ça, c’est super bien fait, ça marque bien le film. Est-ce qu’il y a une scène en particulier qui t’a marquée? Moi par exemple, c’est quand tu sors de la voiture à 140 km pour atteindre la Vénus… (rires)
    Pour moi, il y a une relation qui est hyper intéressante — qui n’est pas majeure dans le film —, qui est la relation entre le personnage de Jan et le personnage d’Elia, interprétée par Anna Mouglalis. 

    Parce que pour moi, c’est comme une espèce de miroir avec une femme plus vieille, une femme qui a gravi les échelons et qui a atteint les objectifs de succès, les objectifs d ‘argent que le personnage de Jan a envie d’atteindre. En fait, il y a une ambiguïté dans leur relation, qui rend le film hyper intéressant pour moi. Il y a la relation avec le personnage d’Augustin qui est une relation hétérosexuelle. Mais pour moi, avec ce personnage d’Elia, il y a aussi une dimension bisexuelle dans le personnage de Jan. On se demande :  est-ce qu’elle est attirée par les femmes aussi? Est-ce purement par intérêt ou il y a une ambiguïté? Est-elle bisexuelle? Et je trouve, que ça rend le film encore plus spécial. La scène la plus intense à tourner pour moi, était celle dans la chambre avec Anna, où on prenait de la drogue ensemble, où il y a comme une vie qui se déroule en 10 minutes. 

    Est-ce que tu penses continuer une carrière dans le cinéma, par la suite, tout en continuant dans la musique? 
    J’aimerais beaucoup refaire du cinéma. Le fait est que trouver de l’espace dans ma vie pour faire du cinéma, c’est en soit tout un projet, avec les tournées. Le cinéma c’est très prenant, il faut s’y investir. Et même si un tournage peut se concentrer sur un mois ou deux, il y a beaucoup de préparation avant. Donc, j’aimerais pouvoir continuer à faire du cinéma, mais ça demande un contexte favorable qui fait que ça peut exister en parallèle. Pour le moment je lis des scénarios, je passe des castings, mais je n’ai pas de projet prévu concrètement. Mais j’aimerais vraiment pouvoir créer l’espace dans ma vie pour refaire des projets en cinéma, c’est sûr.

    Il y a une grande communauté LGBTQ+ qui te suis… As-tu un message à leur envoyer ?
    Écoutez, mes cher.e.s queer. Je vous adore. Heureusement que vous existez… Heureusement que je suis queer (rires)…

    En fait je crois que c’est ça mon message : vive la queerness, vive la diversité. Je suis hyper heureuse d’avoir pu incarner ce personnage dans ce film. Car, que ce soit un personnage féminin différent, ou non-binaire, c’est un personnage qui permet à bien des personnes de s’identifier d’une nouvelle façon. C’est important pour moi de créer des trajectoires et de nouvelles normalités, qui ne soient pas celles qu’on a l’habitude de voir à l’écran.

    LA VÉNUS D’ARGENT d’Héléna Klotz, sort en salles au Québec, le 22 mars 2024.

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