Mardi, 17 septembre 2024
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    40 ans de visibilité LGBTQ+ au grand écran (1993)

    Dans le cadre du 40e de Fugues, le rédacteur en chef du magazine propose sur le site web quelques films LGBTQ+ qui ont marqué à leur façon le 7e art. Voici quelques films de 1993…

    ZERO PATIENCE 
    de John Greyson (1993)

    Sir Richard Francis Burton est toujours en vie et est devenu le taxidermiste du Musée d’histoire naturelle. Il veut capturer le Patient Zero pour sa « galerie de la contagion ». Ce dénommé Zero serait le premier porteur du sida à avoir introduit la maladie en Amérique du Nord. Hanté de fantômes, bourré de références aux problématiques liées au VIH, parcouru d’un souffle militant citant Act Up, porté par des mélodies pop et new wave et des morceaux d’anthologie (le duo des deux derrières), Zero Patience est un ovni aussi singulier que passionnant et brillant, qui veut démontrer par l’absurde et l’humour que le Patient Zéro (le québécois Gaëtan Dugas) ne peut pas être la seule personne à l’origine de l’épidémie du sida…


    LE SEXE DES ÉTOILES
    de Paule Baillargeon (1993)

    Œuvre belle et maîtrisée, Le sexe des étoiles décrit la rencontre d’une jeune fille avec son père qui assume finalement son identité feménine. Véritable ovni dans le paysage du cinéma québécois, ce film de Paule Baillargeon, d’après le scénario de Monique Proulx (qui a adapté son propre roman), aborde un sujet rare pour l’époque — la transparentalité — et raconte plus simplement qu’il ne le laisse croire à première vue, le passage à l’âge adulte d’une jeune fille : rite et initiation à la différence des sexes.


    WITTGENSTEIN
    de Derek Jarman (1993)

    Le mieux que l’on pouvait attendre d’un film sur la vie de Ludwig Wittgenstein était qu’il nous permette de saisir son intensité poétique. Ce film de Derek Jarman fait bien plus que cela. De fait, il montre comment la philosophie peut devenir dramaturgie à travers l’évocation des idées de Wittgenstein, philosophe autrichien. Ludwig est né à Vienne en 1889. Il est le plus jeune des neuf enfants d’une famille riche sur laquelle le sort s’est acharné. En effet, sur ses quatre frères, trois se sont suicidés, et le quatrième, pianiste célèbre, a perdu un bras pendant la Première Guerre mondiale… et lui était homosexuel (il a eu plusieurs amours dans sa vie, dont certains n’étaient pas réciproques).


    BLUE 
    de Derek Jarman (1993)

    Un écran uniformément bleu. En voix off, des comédiens disent des poèmes et des textes tandis que Derek Jarman lit le journal intime de sa maladie, décrit les traitements contre le sida, cite la presse… «Je vois tout au travers d’un filtre bleu » écrit Derek Jarman en 1993, évoquant le VIH qui lui fait perdre progressivement la vue. BLUE sera donc la transcription cinématographique de la maladie qui ronge le cinéaste et qui l’emportera quelques mois après le tournage de ce dernier film, faisant de celui-ci un extraordinaire testament artistique. Expérience sensorielle unique, BLUE parachève l’œuvre, à la fois expérimentale d’un point de vue formel, et militante de Jarman pour les droits des gais, dans la lutte contre le sida, dans les combats contre l’ultra-libéralisme thatchérien, etc. Le film, dont la bande son anglaise (musique et voix off) est extrêmement travaillée, réunit notamment plusieurs fidèles du cinéaste (en particulier sa muse, Tilda Swinton) et constitue un des grands témoignages filmés sur le sida.


    PHILADELPHIA
    de Jonathan Demme (1993)

    C’est un film très important sur le sida, non pas que le VIH ait attendu Philadelphia pour être traité au cinéma. Dès 1984, soit juste après l’apparition de la maladie, d’autres films se penchaient déjà sur le sujet, mais malgré parfois leurs immenses qualités, ce ne sont pas des films qui ont eu une grande résonnance hors d’un public gai ou de festivals. Philadelphia est particulier, déjà parce que c’est une superproduction hollywoodienne, mais surtout parce que c’est un film qui installe l’idée du couple gai dans une famille, dans un contexte très bienveillant. On est frappé par la manière dont Antonio Banderas et Tom Hanks sont complètement intégrés à leur cercle familial, c’est nouveau pour l’époque. Au-delà de tout ce que le film a pu apporter à la lutte contre le sida, c’est un film important sur la visibilité, la reconnaissance et la légitimité des couples de même sexe.


    SILVERLAKE LIFE : THE VIEW FROM HERE 
    de Tom Joslin et Peter Friedman (1993)

    En 1993, le nombre de morts liées au sida continue de grimper (il atteindra son pic historique en 1995). Au même moment, Tom et Mark, en couple et tous les deux séropositifs, décident de filmer les derniers mois de leur quotidien dans ce documentaire intime et dévastateur. En nous plaçant au plus près de leur amour, leur colère, leur fatigue et leur peur, ils livrent un témoignage historique difficile mais essentiel.

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