Finaliste de la quatrième saison de Big Brother Célébrités (BBC), Gabrielle Marion n’a pas seulement offert une formidable représentation des personnes trans à la télévision québécoise, elle a aussi gagné des milliers de fans grâce à son humanité, son humour et sa grande sensibilité.
Quelles étaient tes motivations en participant à BBC ?
Gabrielle Marion : J’avais envie de me challenger. Je pense que la dernière fois que je m’étais mise au défi à ce point-là, c’était lors de ma transition. Je voulais revenir dans un contexte de détermination et de motivation. Et j’avais envie de représenter la communauté.
Durant la grande finale, tu as évoqué les craintes que tu avais, en début d’aventure, à l’idée de vivre de l’anxiété sociale et de ne pas trouver ta place dans un si grand groupe. D’où vient cette anxiété et comment se traduit-elle dans la vraie vie ?
Gabrielle Marion : Mon anxiété sociale vient beaucoup de mon identité trans. Le fait d’entrer dans un nouveau groupe avec des personnes qui ne connaissent pas qui je suis ni mon parcours, ça vient généralement avec un stress. J’ai toujours l’impression d’être analysée parce que je suis une personne trans, j’ai souvent peur que les gens le remarquent et je ressens la pression sociale d’avoir l’air plus féminine pour mieux « fiter » dans la société. Donc, j’étais curieuse de voir comment j’allais m’adapter dans le contexte de l’émission.
Finalement, les trois mois dans la maison de BBC m’ont aidée à mieux gérer mon anxiété. J’ai l’impression qu’elle est beaucoup moins présente aujourd’hui. Je viens de traverser une aventure avec des gens de tous les styles, avec plusieurs sortes d’intérêts, et ça m’a ouvert les yeux. Je m’acceptais déjà beaucoup, mais je m’assume encore plus en voyant le pouvoir social que j’ai, peu importe mon identité.
Tu parles de ton identité trans sur les réseaux sociaux depuis des années et tu as publié un livre sur ton parcours. N’empêche, BBC est en ondes environ trois heures par semaine et tu n’avais aucun contrôle sur le montage. Avais-tu des inquiétudes face aux réactions du grand public ?
Gabrielle Marion : J’allais dans cette aventure pour démystifier mon image. Dans mon parcours féminin, je suis allée très loin physiquement et je m’attendais à avoir des critiques à ce sujet. En fin de compte, j’ai été surprise de constater qu’il n’y a pas eu tant de critiques face à ma transidentité. Je voulais aussi déconstruire l’idée qu’il faut à tout prix étiqueter les gens en société et que je me résumais à la femme transgenre du groupe. Je suis beaucoup plus que ça. Je peux évoluer en société en étant tout simplement Gabrielle.
On se parle à peine trois jours après ta sortie de la maison. As-tu eu le temps de voir à quoi ressemblaient les réactions du public à ton sujet sur les réseaux sociaux ?
Gabrielle Marion : Il y a eu des critiques, mais les gens ont surtout découvert une personne gentille et humble. Dans le passé, les gens pensaient souvent que j’avais la tête enflée et que j’étais ultra superficielle, alors que je suis à l’opposé. J’ai réussi à montrer durant BBC que je suis très présente pour les autres, que je ne pense pas juste à moi, que je ne me considère pas supérieure à personne et que, même si je fais attention à mon image, je suis profondément humaine. J’ai été le soutien de tellement de gens dans cette maison-là.
Pourtant, je suis loin d’être parfaite. Je fais preuve d’autodérision et je suis capable de rire de moi à certains moments.
Durant l’aventure, pourquoi as-tu connecté autant avec Danick Martineau, Frédérique Turgeon, Charles Hamelin et Dave Morgan ?
Gabrielle Marion : Frédérique est une fille très sensible qui m’inspire énormément avec tout ce qu’elle accomplit. Charles, je le voyais comme le stéréotype de l’athlète mâle alpha, mais il a complètement changé ma perception : c’est un homme sensible et très proche de son cœur. Danick, c’est un petit tannant impossible à ne pas aimer. Et Dave est très humain ; on a partagé beaucoup de belles choses dans nos conversations.
Comment as-tu vécu la séparation avec ton amoureux pendant trois mois ?
Gabrielle Marion : C’était très difficile. Je n’avais pas été séparée de lui plus que dix jours auparavant, mais je lui parlais quand même quotidiennement. Là, on passait trois mois sans contact. Cela dit, dans la maison, on est tellement à fond dans l’aventure qu’on pense peu à ce qui se passe à l’extérieur. Ça m’a pris quelques semaines avant de m’ennuyer plus fort. On est tellement dans le jeu qu’on ne pense qu’à ça. On va se coucher, on se réveille et on replonge dans le jeu. Mais quand la production nous a ramené nos conjoint.e.s le temps d’un défi, on a tous craqué. Ça a été une journée assez difficile. Malgré tout, mon chum voulait vraiment que je reste jusqu’à la fin. Il me disait que la porte était barrée pour trois mois.
Une créatrice de contenu privée de cellulaire et de réseaux sociaux aussi longtemps, ça réagit comment ?
Gabrielle Marion : Ah, ça fait tellement du bien ! Si tu savais ! Oui, c’est un de mes outils de travail, mais il y a toujours un côté toxique aux réseaux sociaux. Ça fait du bien de lâcher prise là-dessus, de vivre le moment présent et de se concentrer sur l’aventure sans distraction. Au cours de ma carrière, il y a eu une période durant laquelle je vlogais tous mes événements, mais je me rendais compte en montage que je ne vivais jamais ces événements. Un jour, j’ai décidé de prendre un pas de recul, de faire du contenu seulement quand ça valait la peine et de vivre mes moments.
Participerais-tu à nouveau à une téléréalité dans le futur ?
Gabrielle Marion : Absolument ! J’ai vraiment tripé. J’ai trouvé ça intéressant de vivre une expérience qui nous pousse à mieux gérer nos émotions et à faire une introspection.
Une téléréalité comme Big Brother Célébrités, ça exige beaucoup de gestion de soi pour se rassurer et pour avancer sans perdre la tête.
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