Les droits des personnes LGBT + progressent de manière inégale dans le monde. Alors que certains pays avancent vers une plus grande acceptation et égalité, d’autres renforcent leur répression, créant ainsi un environnement mondial complexe et souvent hostile pour les personnes LGBT +.
L’homosexualité est désormais légale dans 131 des 193 États membres de l’ONU, principalement en Europe et en Amérique selon un rapport de l’Association internationale des personnes lesbiennes, gais, bisexuelles, trans et intersexes (Ilga World) publié jeudi 30 mai. Depuis début 2023, Singapour, Maurice, l’île de la Dominique et les Îles Cook ont dépénalisé les relations homosexuelles consensuelles. Ce chiffre marque une amélioration par rapport aux années 1990, où plus de 110 pays criminalisaient ces relations.
Une répression croissante en Afrique et en Asie
Cependant, cette tendance mondiale positive est contrecarrée par des reculs significatifs en Afrique et en Asie. En mars 2023, l’Ouganda a adopté une loi extrêmement répressive contre les personnes LGBT +, considérée comme l’une des plus sévères au monde. Cette législation prévoit des peines allant jusqu’à la peine de mort pour « l’homosexualité aggravée » et jusqu’à vingt ans de prison pour la « promotion » de l’homosexualité. Par conséquent, le pays connaît une augmentation alarmante des violences envers les personnes LGBTQ +, de nombreuses associations de soutien ayant été contraintes de fermer leurs portes. Selon un rapport de l’ONG Human Rights Awareness and Promotion Forum (HRAPF), les violations contre les personnes LGBT + ont plus que doublé en 2023, atteignant 559 cas.
La loi a aussi des conséquences économiques potentiellement graves pour l’Ouganda. Le FMI a averti que cette législation pourrait nuire au tourisme et aux investissements étrangers, aggravant les risques macro-économiques pour le pays. De plus, elle a eu un impact dévastateur sur la santé publique, notamment sur les services de lutte contre le VIH, que les membres de la communauté LGBTQ + évitent par crainte de persécutions.
La Cour Suprême du Ghana interpellée
Un an après la promulgation de cette loi, le Ghana pourrait rejoindre les pays africains criminalisant l’homosexualité sous prétexte de lutter contre une « importation occidentale », alors que de nombreuses études montrent que l’homophobie est un héritage de la colonisation. Des groupes évangélistes américains financent des campagnes anti-LGBT en Afrique, selon The Guardian.
Le 28 février, le Parlement ghanéen a adopté une loi anti-LGBT + qui prévoit jusqu’à trois ans de prison pour appartenance à la communauté LGBT + et jusqu’à dix ans pour promotion envers les enfants. Cependant, cette loi n’est pas encore promulguée, le président Nana Akufo-Addo ayant refusé de la signer en raison de recours devant la Cour suprême. Exceptionnellement, les débats sont retransmis en direct pour promouvoir la transparence judiciaire et la confiance publique. Bien que cette diffusion permette d’entendre les arguments contre la loi, elle expose davantage la communauté queer à un climat hostile.
La peine de mort toujours en vigueur
En avril 2024, l’Irak a codifié des peines pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison pour les relations homosexuelles. De même, l’Indonésie a prévu de criminaliser les « actes obscènes » d’ici à 2026, renforçant ainsi la répression.
Sept pays, dont l’Ouganda, prévoient la peine de mort pour les relations homosexuelles : Brunei, la Mauritanie, l’Iran, le Nigeria, l’Arabie saoudite et le Yémen. Dans cinq autres pays, Afghanistan, Pakistan, Qatar, Somalie et Émirats arabes unis, la peine capitale est possible mais dans un cadre juridique incertain.