La Bronze est un de mes artistes coups de cœur depuis ses débuts. Véritable alliée de la communauté LGBTQ+, elle a marqué l’imaginaire avec son incroyable performance — seins nus et peints aux couleurs du drapeau — lors de l’édition 2019 de Fierté Montréal. Elle est présentement sur les ondes de TV5 avec l’émission «Jeunesse arabe, yallah! », où elle va à la rencontre, à travers le monde, de jeunes arabes, de 17 à 34 ans, ouverts et inspirants. Je suis allé prendre un café avec elle afin de parler diversité et inclusion.
Pourquoi es-tu une alliée LGBTQ+ selon toi?
Tu m’as déjà dit quelque chose qui m’a beaucoup touché. Tu m’as dit que j’avais une grande liberté qui émanait de moi je pense que c’est à cause de cela. La liberté est un grand thème universel pour toutes les communautés LGBTQ+ qui ont été opprimées si longtemps. Je pense que c’est ça, car la liberté c’est ma quête à moi aussi. C’est une quête humaine et on est tous des humains égaux.
Tu as dit : «Je sens que toutes les cloisons sont en train d’éclater. Tous les tabous par rapport à l’identité, l’orientation sexuelle sont en train d’éclater (…) Ça suffit de mettre des gens dans les boîtes, ça suffit de voir les choses avec les filtres de la peur et de la haine» Tu le penses vraiment? Même quand la planète semble virer à droite ?
Oui ! La planète entière est en train de se lever. C’est le yin et le yang. Il y aura toujours des gens mauvais, mais reste que la conscience globale de l’humanité entière est en train de se lever. Alors oui, même si il y a de gros drames et un retour vers la droite dans certains endroits, ailleurs c’est de mieux en mieux. C’est les extrêmes qui se côtoient et je pense que cette dualité n’est pas pour rien, car celle-ci incite les gens à se lever et faire valoir leur droits. Je n’ai jamais senti autant de liberté, de soutien et de désir de faire bouger les choses que ça soit pour la planète, l’égalité homme vs femme et les droits LGBTQ+. Cette dualité est un moteur pour exister encore plus fort.
Cette photo représente quoi et pour quelles raisons ?
Tu me la montres et j’ai des frissons! Ça a été pour moi un des moments les plus forts de toute ma vie! Je revenais d’un week-end d’introspection alors j’étais allumée, l’énergie était au maximum et c’était magique. Pour moi, ça a été un acte d’affranchissement total et j’avais envie de faire honneur a la communauté avec ce geste de liberté. C’était un acte à la fois personnel et aussi collectif. On a vécu une communion moi et le public. Il faut se rappeler que l’art c’est aussi une façon de jouer et c’est important de se donner ces moments ludiques et de liberté.
Trop souvent dans l’opinion populaire, diversité sexuelle et de genre et culture arabe ne font pas bon ménage. Tu réponds quoi à ceux qui pensent ceci?
Je leur dirais d’écouter «Jeunesse arabe, yallah !», car on parle de tout cela ! Je ne juge pas l’ignorance, car se n’est pas comme cela qu’on la change. Je pense que les changements profonds ce font dans l’accueil. J’ai déjà été dans la colère avant, mais j’ai réalisé que les plus grandes transformations sont faites dans l’amour. Avec l’émission, le but était de mettre en lumière une jeunesse positive, moderne et ouverte sur le monde. Il faut incarner ce qu’on est. Par exemple une personne LGBTQ+ fière ou un jeune de la communauté arabe qui ne représente aucunement les préjugés et fausses conceptions qu’on a sur sa culture.
Pour l’émission, tu as rencontré des gens de la communauté LGBTQ+ arabe. Comment les décrirais-tu ?
Je conseille à tout le monde de regarder l’épisode sur le Liban. Allez à Beyrouth ! C’est une des villes les plus cool que j’ai visitées ! La vie LGBTQ+ est foisonnante et malgré la répression, elle tisse son chemin. On a tendance a pointer les pays arabes comme étant homophobes, mais le sud des États-Unis, la Russie et même en dehors de Montréal ce n’est pas facile! La communauté fleurie, lumineuse, unie, mixte et super forte. Elle crée sa place petit à petit. Il y a plein de «safes spaces» cachés dans la ville. Par exemple, un salon de beauté où les gars et les drags peuvent aller se faire faire les ongles. Les soirées de drags sont d’ailleurs complètement folles.
Sens-tu un devoir de t’exprimer sur les préjugés envers les communautés arabes?
(Elle réfléchit) Très bonne question. Oui je sens un devoir, mais j’aborde toutes mes décisions personnelles et artistiques avec mon instinct. Lorsque je m’exprime sur la chose, c’est toujours, car je le ressens de façon naturelle. Quand je le fais, c’est lorsque je me sens «appelée» à le faire. Je trouve cela super important de se rappeler qu’on est tous des humains. On parle beaucoup de diversité, mais moi j’ai la conviction que l’homogénéité est ce qui nous unit. L’humain. Je crois que les marginaux et les races n’existent pas, car tout le monde est unique. Même les gens qui sont dans une «normalité», je ne crois pas, a cela, car à l’intérieur de soi, on a tous nos propres couleurs et c’est seulement une question de choix de vivre son unicité ou non. On veut mettre les gens dans des boites et j’en ai marre. On est de l’énergie, on est des humains, on est tous constitués de la même chose. Alors pour moi, de parler de groupes de personnes en particulier (LGBTQ, arabes…) est fictif. C’est nous qui créons ces différences. On me dit souvent que je suis excentrique, mais non, je ne suis pas excentrique. Je vis ma vérité. Je suis excentrique par rapport à qui ? À quoi?
Tu es présentement en studio pour ton 3e album. Ça se passe comment ?
Oh mon Dieu je tripe tellement ! On a une si belle synergie en studio. On est super efficaces. On est des machines, mais avec du gros «fun». Je suis super emballée, car j’ai l’impression que les albums d’avant étaient de la «pratique» pour celui-là. Aujourd’hui, je sens que je fais de l’art pour vrai.
Visionnez aussi La vidéo de l’entrevue sur Fugues.com et la page Facebook de Fugues où elle répond à notre question : Si elle avait à frencher, quels seraient ses trois girl crushs préférés 😉
LA SÉRIE «Jeunesse arabe, yallah!» est disponible sur le site de TV5
Son instragram : @labronze_