Lundi, 4 novembre 2024
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    Témoignage en confinement de Mona Greenbaum : «Quand on travaille à la maison, l’ordinateur n’est jamais loin»

    La COVID-19 a chamboulé nos vies d’une manière qu’il est encore difficile à mesurer. Nous avons demandé à Mona Greenbaum, directrice générale Coalition des familles LGBT de nous dire comment cette crise l’a affecté personnellement…

    Comment la crise de la COVID-19 t’a-t-elle affecté personnellement?
    Depuis le 16 mars, je travaille à partir de la maison. Le bureau de la Coalition des familles LGBT+ est fermé et on fait tout virtuellement. Ça veut dire que je travaille de chez moi 7 jours par semaine, car quand on travaille à la maison ça ne finit pas… l’ordinateur n’est toujours pas loin. La frontière entre travail et vie personnelle est beaucoup moins étanche. Il y a eu beaucoup de stresse au début, car on a eu beaucoup d’activités, de conférences et de formations annulées. On avait la nécessité de rapidement outiller toute notre équipe de formateurs et formatrices pour être à l’aise de faire leurs formations virtuellement. C’était un apprentissage obligatoire. Nous formons actuellement nos bénévoles pour être capables de bien gérer nos groupes de soutien en ligne. Beaucoup de stress et d’adrénaline au début. Mais maintenant ça se calme un peu.

    Présentement dans l’espace où tu vis, es-tu seule, avec ta conjointe, de la famille (enfants, parents, autres), un ou des colocs, des animaux?
    Nous sommes 4. Mes deux enfants (qui sont jeunes adultes) font leurs cours universitaires à la maison. Mon ainée faisait ses études en suisse, mais elle était obligée de retourner au Québec. Donc les deux enfants sont à la maison avec nous. On est quand même tous dans nos propres bureaux pendant le jour avec nos écrans. Ma conjointe fait de la télémédecine à partir de son bureau dans l’est de Montréal donc elle est la seule qui n’est pas à la maison. C’est sûr qu’au niveau familial on a beaucoup plus de soupers en famille! On cuisine ensemble aussi Nos deux enfants ont normalement des vies sociales très actives. Maintenant ils sont obligés d’être avec leurs mamans et donc on a de bonnes discussions autour de la table chaque soir, 7 jours sur 7!

    À quoi ressemblent tes journées ces temps-ci ?
    Je commence très tôt, vers 7h. Je travaille jusqu’à midi. Je descends pour prendre un diner rapide. Ensuite je remonte à mon bureau pour travailler jusqu’à 15h et puis je prends une marche. Je marche chaque jour de Saint-Henri jusqu’au sommet du Mont-Royal. C’est un bon exercice et l’aller-retour me prend 90 minutes. Quand je retourne, je continue mon travail. Et tout le monde commence à cuisiner ensemble quand ma conjointe retourne du bureau. Souvent le travail continu en soirée. Hier soir on était 3 personnes à la maison dans des réunions zoom!

    Durant cette période, nous avons beaucoup de temps pour soi… Comment fais-tu pour que le confinement se passe mieux?
    Mon travail avec la Coalition des familles LGBT+ n’a pas diminué donc je suis occupé toute la journée avec ça. Mais dans les temps normaux, je nage au YMCA du Centre-ville chaque jour pendant 1 heure. Quand j’ai perdu l’accès à la piscine c’était terrible pour moi donc je fais une grande marche quotidiennement au sommet du Mont-Royal. Aussi je communique fréquemment avec mes ami.e.s et collègues sur Zoom, donc la distanciation est plus physique que sociale. Nous avons même eu un cocktail des DG l’autre soirée!

    À la maison, que portes-tu habituellement?
    Je m’habille comme d’habitude.

    As-tu des recommandations ou des suggestions pour rendre cette «pause» plus facile à passer?
    Faire une routine. Faire de l’exercice. Communiquer virtuellement avec les ami.e.s. Aidez les autres. C’est surtout ce dernier point. J’ai réalisé que je me sentais tellement impuissante avec la pandémie. Et c’était soulageant de savoir que je peux être présente pour mes ami.e.s, pour mes collègues et pour les familles de la Coalition des familles LGBT+.

    Nous donnons de l’aide financière à plusieurs familles maintenant avec de cartes cadeaux VISA prépayées. Ça les aide avec leurs épiceries. Et les familles sont tellement reconnaissantes. Nos membres nous aident à continuer avec ça avec leurs dons!

    Qu’est-ce qui te manque le plus, ces temps-ci ?
    J’ai réalisé que je suis énormément une fille de la grande ville! Normalement, je sors dans les restos, les bars et les cafés plusieurs fois par semaine. Je vais aux spectacles, aux danses, au théâtre, au cinéma, aux concerts, aux musées et aux galeries d’art. Je vois des films, je magasine. Je vais au YMCA quotidiennement. Tout ça me manque horriblement!

    Que fais-tu pour maintenir un contact avec l’extérieur ou maintenir une solidarité?
    Zoom, zoom, zoom… soupir.

    Considères-tu que les gouvernements — ici ou ailleurs — gèrent adéquatement la situation?
    Ici oui. Ailleurs ça dépend d’où, mais évidemment on aura pu faire mieux en Chine et les États-Unis : c’est horrible… très décourageant. Et penser qu’il y a une forte possibilité que Trump soit réélu malgré sa gestion de crise irresponsable, ça me fait perdre mon optimisme en l’humanité…

    Que penses-tu retirer de l’expérience que l’on vit présentement?
    C’est sûr que côté technologique on sera beaucoup mieux équipé. Ça sera plus facile pour nous de faire des activités virtuellement pour répondre aux besoins de notre communauté dans n’importe quel coin du Québec. Je comprends aussi que le télétravail est bien possible. Au niveau personnel je vois qu’on peut facilement moins dépenser et moins consommer.

    Crois-tu que ta vie (ou celle des autres) sera transformée par la suite au niveau de nos interactions sociales? Si oui, de quelle(s) manière(s)?
    Je crois qu’il y aura plus d’échanges vidéo et moins d’appels téléphoniques et de courriels. Nous allons beaucoup plus penser à des façons de rejoindre notre communauté en région!

    Des inquiétudes pour l’avenir?
    Avec la mondialisation et les problèmes environnementaux, on verra d’autres crises comme ça dans le futur. Je pense que ce genre de chose deviendra plus fréquente que ça soit des crises sanitaires ou environnementales et donc on doit prendre les enjeux environnementaux plus sérieusement. Tout le monde parle de l’environnement, mais on continue dans nos mêmes styles de vie (avions, surconsommation, viande). Il faut qu’on change nos habitudes.

    Un message d’espoir que tu veux lancer?
    On a la capacité de changer nos habitudes. Cette crise nous montre comment une société peut coopérer pour le mieux-être de tout le monde.

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