On connaît Robert Laliberté pour ses portraits et ses corps d’hommes (et de nombreuses couvertures du magazine Fugues. Ce que l’on sait moins, c’est que le photographe n’a cessé tout au long de sa carrière de surprendre le quotidien lors de ses longues marches dans de nombreuses villes. Si certains expriment leur sensibilité par l’écriture à l’image du poète, c’est l’oeil de Robert Laliberté qui sait capter en une fraction de seconde, les petits riens de la vie quotidienne et en faire ressortir toute la profondeur, l’humanité, la tendresse et la douceur. Dès le 24 septembre, Robert Laliberté présente Prise de rue à la Galerie Beaux Arts des Amériques. 38 photos sont exposées (60 dans le catalogue) qui s’étendent de 1979 à 2019.
L’homme est d’une grande simplicité, à l’image de son travail. Aucune esbrouffe, seulement une âme sensible et sincère qui cherche à partager sa vision des choses, pour le simple plaisir de partager.
«Avec cette exposition, c’est un peu comme un retour aux sources, puisque que j’ai mis de côté la photographie pendant 8 ans, explique le photographe en entrevue, j’ai maintenant envie de retourner à mon premier amour». Et pour revenir vers sa passion première, Robert Laliberté a choisi de revisiter plus de 40 ans de prises de vues. Des milliers de clichés à vrai dire par lesquels il est repassé, de l’argentique au numérique, des clichés pris à Montréal ou au cours de ses voyages, à Paris, New York ou encore au Mexique. «Je ne photographie pas ce que regarde qui, mais ce que je vois et qui me suscite une émotion, et c’est peut-être cette émotion que je veux faire partager», explique-t-il.
Paradoxalement, pour tous ceux qui s’y connaissent un peu, chaque photo de Robert Laliberté, la composition, le cadre prennent une immense importance, même s’il n’y pense pas trop lorsqu’il appuie sur le déclencheur. Peut-être que son oeil instinctivement dessine le meilleur angle, la position du ou des sujets, rompu par des années de travail. Et le résultat est toujours une petite révélation pour celles et ceux qui sont sensibles à tous les jeux de formes, de lumière et de teinte qui imprègne de pureté, de tendresse chaque cliché et qui font naître un sentiment qui a aussi à voir avec la nostalgie et la mélancolie. En ce sens, comme le poète, Robert Laliberté nous propose un voyage, le sien, mais qui devient aussi notre voyage. Il nous propose, en somme, de s’approprier ce regard singulier et touchant sur un monde si proche de nous et souvent invisible à nos yeux conditionnés. Et de nous rappeler par la même que la beauté et des instants d’harmonie peuvent se dénicher au coin de la rue. Un peu d’harmonie, de douceur, d’amour, c’est tout ce que l’on demande dans une vie qui nous en prive souvent.
INFOS | Robert Laliberté, Prises de rue, Jusqu’au 24 octobre 2020,
Galerie Beaux-arts des Amériques , 5432, boulevard Saint-Laurent
beauxartsdesameriques.com