Mardi, 3 décembre 2024
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    Grammaire pour un français inclusif

    Contrairement à ce que certain.e.s voudraient bien penser, ou laisser croire, la langue française n’est pas coulée dans le béton. Elle évolue au fil du temps par l’adjonction de nouveaux termes, mais également par la remise en question, voire la révision de certaines règles. L’une de ces règles est que le masculin l’emporte invariablement sur le féminin puisqu’il serait, paradoxalement, à la fois neutre et marqué (c’est-à-dire désignant des personnes du genre masculin).

    On avance bien souvent que ce postulat fut de tout temps et qu’il est même quasi universel, mais la réalité est cependant toute autre. Par ailleurs, avec une remise en question de plus en plus importante d’une division binaire des genres, les enjeux autour d’une construction inclusive de la langue sont de plus en présents, entrainant leur cortège de questionnements.

    Dans cette nouvelle édition de la Grammaire pour un français inclusif, Alexandra Dupuy, Michaël Lessard et Suzanne Zaccour présentent, dans un premier temps, la petite histoire de cette règle en mettant en évidence les différentes variations qui ont eu, en leur temps, la faveur du public avant que certain.e.s décrètent que le masculin avait une valeur « noble » et l’emportait donc ainsi sur sa contrepartie féminine. On y évoque également le phénomène de résistance absurde au regard de la féminisation des mots, alors qu’on assiste à une masculinisation quasi instantanée de certains termes dès qu’un homme occupe une fonction traditionnellement féminine. À titre d’exemple, l’arrivée du premier homme sage-femme a immédiatement généré une pléthore de néologismes, alors que l’Académie française résiste encore au concept d’une « présidente », auquel il faudrait préférer un « Madame le président » (heureusement, le Québec et l’Office québécois de la langue française font figure de chef de file dans ce domaine).

    Dans cet ouvrage particulièrement bien vulgarisé et souvent même fort distrayant à lire, on évoque la petite histoire du genre en français, de même que diverses techniques de rédaction inclusive, l’écriture épicène, l’accord au féminin dit ostentatoire, les nouvelles graphies, les formes tronquées (pour inclure les deux genres ou désigner les personnes binaires), l’utilisation du genre générique, etc. Attention !

    L’ouvrage ne présente pas un corpus de règles à suivre impérativement, mais bien plutôt un constat des différents courants ou variations qui ont présentement cours en exposant leurs avantages et inconvénients. Il est ainsi possible de distinguer les forces, les faiblesses, ainsi que les conséquences linguistiques de chacun et d’effectuer des choix éclairés (dans les graphies de formes tronquées, j’avoue ainsi avoir un faible pour le point médian, ex. : « préféré·e·s »). Dans le cadre de la réflexion sociale et linguistique qui a présentement cours, il est tentant de chercher des réponses auprès d’institutions langagières, mais comme le soulignent les autrices et l’auteur de l’ouvrage, ce pouvoir nous appartient également et nous avons donc tous et toutes notre mot à dire !

    INFOS | Grammaire pour un français inclusif : nouvelle édition revue et augmentée/Alexandra Dupuy, Michaël Lessard & Suzanne Zaccour. Montréal : Somme toute, 2023, 254 p.

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