Dimanche, 5 mai 2024
• • •
    Publicité

    MAI en 40 ans de Fugues, le corps porté à son pinacle !

    Mai est synonyme d’un printemps qui s’installe enfin et, pour plusieurs, est également synonyme d’un état d’alerte autour d’un corps qui s’exhibera sous peu au regard de chacun. Nulle surprise que de nombreux numéros du mois de mai furent donc consacrés à la beauté corporelle.

    Comme l’énonce si bien l’adage : en avril, ne te découvre pas d’un fil ; en mai, tu peux toujours essayer ! Le Québec embrasse clairement cette philosophie puisqu’il suffit que la température s’élève de quelques microns pour que les terrasses surgissent du sol et que raccourcisse vertigineusement la longueur des vêtements. Les communautés LGBTQ+ n’échappent pas à ce crédo, bien au contraire.

    Il faut dire que, dès les années 70, une relation très intime se tisse entre le corps et les lieux de drague puisque les années du disco se conjuguent avec une frénésie entourant le conditionnement physique. L’équation est simple : de jour, on s’entraîne dans les gyms pour, de nuit, attaquer en force les planchers de danse et exhiber un corps bien sculpté.

    Plusieurs hommes cherchent ainsi à se détacher du cliché de l’homme gai efféminé alors que dans les années 80, l’épidémie du sida entraîne plutôt un désir d’afficher un corps en santé, exempt de la moindre pathologie. Inutile de dire que dans les années 90 et au début 2000, cette esthétique règne toujours avec force dans l’esprit de plusieurs.

    À partir de 1994, le numéro de mai se décline sur le thème de la santé du corps, les maillots de bain (Des maillots pour un été complètement Wild & Wet, 1995), les conseils de remise en forme (L’exercice : exercice, santé et plaisir !, 2001 ; Beauté et santé : pour une approche globale), le choix d’un bon gym (Comment choisir son gym, 1999), la greffe de cheveux (La greffe de cheveux : le syndrome de Samson toujours vivant, 2001), l’élimination des poils (Élimination des poils : adieu les petits poils « chéris » !, 2002). En mai 2000, la cohorte Omega (qui suit 1 900 hommes gais séronégatifs) présente même les résultats d’une étude sur la perception de la « gym queen ».

    Cette mise de l’avant du corps se fait également au diapason de grands événements comme le Wild & Wet organisé, à partir de 1991, par le Bad Boy Club de Montréal, où le maillot de bain constitue un élément essentiel (Le Wild & Wet 94, l’événement du printemps, mai 1994). Il est amusant de souligner que, dans les mêmes pages, la préoccupation d’un poil superficiel se conjugue paradoxalement avec des articles sur M. Cuir Montréal (De cuir et de passion ! : M. Cuir Montréal, 2002) et M. Uniforme (Concours M. Uniforme : « Vraiment unique … », 2003) où celui-ci constitue, bien au contraire, la pièce de résistance. Avec les années 2010, l’accent du mois de mai sur le corps devient plus épisodique pour se diluer au fil des numéros.

    Sur une autre note, le 2 mai 2002, Fugues annonce que Mado Lamotte devient tenancière de bar avec l’ouverture du Cabaret Mado !

    Politique nationale
    Le mois de mai fut secoué par deux événements d’importance. Le 14 mai 1969, en dépit d’une forte controverse, le bill omnibus décriminalise l’homosexualité sur le territoire canadien sous l’égide d’une déclaration choc de Pierre Elliot Trudeau à l’effet que : « L’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la nation. » (« Dernier assaut des créditistes pour faire retarder l’adoption du bill omnibus », La Presse, 14 mai 1969 ; « Le gros Bill est adopté », Journal de Montréal, 17 mai 1969)

    Dès 1971, un premier magazine s’adressant spécifiquement aux communautés queers voit le jour, le temps de deux numéros, Le Tiers, qui sera suivi d’Omnibus (197?), de Gay Montréal (1976) et, en 1977, de Gai(e)s du Québec. Ce dernier titre deviendra Le Berdache, de 1979 à 1983, puis Le Petit berdache, de 1983 à 1986. Et, bien évidemment, 1984 voit la naissance d’un grand classique : Fugues !

    En mai 1980, Le Berdache consacre un numéro spécial à une autre question nationale qui se déroule au Québec : le référendum sur la souveraineté. On y retrouve des titres évocateurs comme : « Mon oui est gai ! » ; « La question référendaire n’est pas un jeu ! » ; « Au-delà du oui et du non » ; « Le mouvement gai et le référendum ». Les curieux pourront consulter ce numéro spécial sur le site des Archives gaies du Québec : https://agq.qc.ca/le-berdache.

    Faits divers
    Le 31 mai 1969, le très bavard Flirt & Potins consacre un article sur « Les nids d’homos » qui attirera sans doute le regard d’hommes et de femmes toujours dans le placard et à la recherche de lieux de rencontre. Le même journal jaune consacre finalement une série d’articles sur ce qu’on rassemble alors sous le terme générique de « travestisme » : Le dossier de l’homosexualité : les travestis (17 mai 1969) ; Il existe différentes sortes de travestisme (9 mai 1970) ; Ils ou elles? (23 mai 1970).

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité