Vendredi, 29 mars 2024
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    Ringuette Québec n’a pas l’intention d’inclure les athlètes transgenres

    Selon la fédération nationale Ringuette Canada, toutes les associations provinciales ont choisi de l’implanter, sauf Ringuette Québec, où les responsables de ce sport se disent « contre » le document dans l’application de la politique de trans-inclusion.

    Pourquoi? Parce que l’organisme québécois considère — dans une attitude clairement idéologique — que la politique visant les personnes transgenres et non binaires représente une vision très fermée de l’inclusion. Selon Florent Gravel, qui a été président de Ringuette Québec pendant 20 ans et qui agit comme porte-parole de l’organisation… «Il devrait y avoir les handicapés, les personnes de couleur, les religions. Nous, on n’est pas là pour faire la promotion des trans, on est là pour développer un sport qui s’appelle la ringuette, poursuit celui qui siège au conseil d’administration de la fédération sportive. On pense que Ringuette Canada n’a pas été visionnaire dans le développement de sa politique. »

    Selon lui, une politique d’inclusion ne devrait pas viser uniquement une population marginalisée au risque de discriminer les autres. 

    Ringuette Québec n’a toutefois pas développé de document à ce sujet, ce que regrette vivement Martine Corbeil. «Ce n’est pas logique. Incluez-en plus du monde alors! Faites-en une politique! Ils n’en font même pas. C’est de la poudre aux yeux», estime cette mère de la région de Montréal qui a mené, en 2019, un combat judiciaire pour permettre à son fils trans de continuer à jouer à la ringuette, après son exclusion.

    Ringuette Québec voulait à l’époque que son adolescent joue dans une équipe mixte, ce qui n’existe qu’en théorie dans la province. «Ça a été très, très dur. Ça a été un rejet vraiment total. Lui-même apprenait à vivre avec lui-même. C’était son sport et c’était un peu son antidépresseur», raconte Mme Corbeil.

    Dans la politique de trans-inclusion de Ringuette Canada, on peut notamment lire que les athlètes n’ont pas à déclarer leur identité de genre ou encore leur historique. Cette politique, élaborée en 2018, puis mise à jour en 2021, permet aux joueurs transgenres de participer avec une équipe qui correspond à leur identité de genre ou à leur sexe assigné à la naissance et donne la possibilité explicite aux joueurs non binaires de participer avec l’équipe de leur choix (masculine, féminine ou mixte).

    D’avoir cette règle, ça permet aux personnes de vouloir rester, de vouloir continuer ou même de vouloir essayer un nouveau sport, croit Asher Broom, un intervenant communautaire chez Jeunesse idem Outaouais, un organisme au service de la jeunesse LGBTQ+.

    «Ringuette Canada a utilisé des « iels » et des « celleux ». Nous autres, on n’est pas là pour changer la grammaire française. On parle de quelques personnes sur 6000 joueuses. Est-ce qu’on va tout changer notre réglementation et notre francisation pour des personnes qui disent qu’eux autres sont rendus à un autre niveau?» questionne M. Gravel, qui croit que le rôle de son organisation est de fournir les infrastructures et la réglementation pour que les athlètes puissent s’épanouir dans le sport.

    Que cela soit ou non volontaire, ça envoie un message transphobe. Pourquoi tant de résistance si le problème ne concerne qu’un si petit nombre de personnes? Et si l’épanouissement dans le sport pour les athlètes est au centre du mandat, les personnes trans ne sont-elles pas aussi des personnes?

    Pour éviter cette situation, certain(e)s rêvent que la ringuette devienne officiellement un sport mixte au Québec, comme c’est le cas ailleurs au Canada, pour que tout le monde qui veut jouer puisse jouer, que cette personne soit cisgenre, transgenre, non binaire, gros, petit, grand, maigre, noir, musulman, hindou.

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