À l’approche de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024, Kamala Harris et Donald Trump présentent des visions nettement opposées sur les droits civils et les protections des minorités. La candidate démocrate défend l’égalité et des politiques inclusives, tandis que son adversaire républicain met l’accent sur la « liberté religieuse » et propose une approche plus conservatrice des droits LGBT+. Ces différences joueront un rôle central dans le choix des électeurs.
Protection contre les discriminations
Kamala Harris et l’administration Biden ont fortement soutenu l’Equality Act, visant à élargir les protections contre la discrimination pour les personnes LGBTQ+ dans des domaines clés tels que l’emploi, le logement et les services publics. Dès son arrivée, l’administration a pris des mesures exécutives pour protéger les droits civils basés sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, incluant notamment la réintégration des personnes transgenres dans l’armée.
À l’opposé, durant son mandat, Donald Trump a été critiqué pour ses initiatives comme l’interdiction des personnes transgenres de servir dans l’armée, instaurée en 2017. Il a également soutenu des politiques qui autorisaient certaines exemptions religieuses, permettant à des organisations de refuser des services sur la base de leurs croyances. Et, en 2020, il a modifié une règle de l’Affordable Care Act(Obamacare) qui interdisait les discriminations dans les soins de santé basées sur l’identité de genre.
Des protections que Kamala Harris souhaite rétablir, tout en facilitant l’accès aux traitements spécifiques pour les personnes transgenres.
Violences et crimes de haine
Kamala Harris propose de renforcer les lois contre les crimes de haine et de former les forces de l’ordre pour mieux identifier et traiter les violences envers les personnes LGBT+. Elle met l’accent sur l’importance de collecter des données fiables et de consacrer des ressources pour lutter efficacement contre ces crimes.
Donald Trump a peu abordé la question des crimes de haine visant les personnes LGBT+. Bien qu’il ait signé une loi pour renforcer la pénalisation des lynchages comme crimes de haine, ses actions et discours en faveur des minorités sexuelles sont restés limités, et plusieurs initiatives fédérales ont été réduites.
Rôle des institutions religieuses
Kamala Harris défend une séparation nette entre les droits civiques et les croyances religieuses. Elle plaide pour des politiques inclusives dans les écoles et les institutions publiques, notamment sur l’éducation à l’identité de genre.
De son côté, Donald Trump met en avant la « liberté religieuse », permettant à des institutions religieuses de ne pas appliquer certaines politiques favorables aux droits LGBT+ en raison de leurs croyances, ce qui a été perçu comme une subordination des droits LGBT+ aux croyances religieuses.
En résumé : deux visions contrastées pour l’Amérique
Kamala Harris se positionne en défenseuse de l’égalité et des protections renforcées, tandis que Donald Trump privilégie une approche conservatrice, axée sur la liberté religieuse et le maintien de certaines exemptions. Les électeurs devront choisir : quelle vision incarne l’avenir des droits civiques en Amérique ?
Selon le dernier sondage Morning Consult, publié mardi 29 octobre, Kamala Harris devance Donald Trump de 3 points parmi les électeurs probables, recueillant 50 % des intentions de vote contre 47 % pour l’ancien président. Une avance modeste pour la candidate démocrate, qui n’a perdu qu’un point par rapport à la semaine précédente.
Les septs pivots qui pourraient faire basculer l’élection
Comme en 2020, l’élection présidentielle américaine semble partie pour se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près dans une poignée d’États particulièrement disputés, où Donald Trump et Kamala Harris concentrent leurs ultimes efforts de campagne. Contrairement aux États acquis à la cause de la vice-présidente démocrate, comme la Californie ou New York, ou à celle de l’ancien président républicain, tels que le Kentucky ou l’Oklahoma, ces sept territoires ne penchent pas nettement pour un parti ou pour l’autre. Les Américains les qualifient de « swing states », États « clés » ou « pivots » en français.
Pennsylvanie
Clairement l’État le plus convoité, l’arbitre de l’élection. Donald Trump s’y est imposé d’un rien en 2016 et Joe Biden sur le fil en 2020. Des cols bleus de cet État du nord-est, qui a connu un grand déclin industriel, ont quitté le navire démocrate pour rallier Donald Trump. Mais Kamala Harris compte en reconquérir une partie grâce aux grands projets d’infrastructures lancés par Joe Biden, créateurs d’emploi, et au soutien de syndicats. Les grandes villes de Philadelphie et Pittsburgh penchent pour la vice-présidente, quand l’ancien président table sur la population rurale.
Michigan
Un autre bastion démocrate marqué par la désindustrialisation qui avait basculé pour Donald Trump en 2016, à la surprise générale. Joe Biden l’avait reconquis en 2020. Le comportement des nombreux électeurs musulmans ou originaires de pays arabes dans cet État, révoltés depuis un an par le soutien américain à Israël dans sa guerre à Gaza, va être capital pour Kamala Harris. Dans ce berceau de l’industrie automobile, la candidate démocrate a toutefois reçu le soutien du grand syndicat du secteur, l’UAW. Donald Trump mise sur le coût de la vie pour rassembler la classe moyenne, dépeignant son adversaire comme la coresponsable d’un mandat démocrate marqué par l’inflation.
Wisconsin
Là encore, un État perdu par les démocrates en 2016 et repris en 2020. Les républicains, dont le parti est né dans cet État, y ont organisé leur grande convention en juillet. Les démocrates espèrent y séduire des républicains modérés repoussés par la rhétorique outrancière de Donald Trump, en agitant la « menace existentielle pour la démocratie » qu’il représenterait.
Géorgie
Dans la foulée de grands mouvements antiracistes, cet État conservateur à l’importante population afro-américaine (environ 30 % de l’électorat) avait préféré le démocrate Joe Biden en 2020. Kamala Harris, qui pourrait devenir la première femme noire à accéder à la Maison-Blanche, espère séduire les jeunes et les minorités d’Atlanta. Mais elle semble avoir du mal à bien capter le vote des hommes noirs. L’électorat religieux, assez conséquent dans cet État, loue Donald Trump comme l’artisan de l’annulation de la garantie fédérale de l’avortement.
Caroline du Nord
Le seul des sept États pivots de 2024 à avoir voté républicain en 2020. L’État n’a d’ailleurs plus voté démocrate depuis 2008, mais élit un gouverneur démocrate depuis 2017. Après le passage dévastateur de l’ouragan Helen, qui a fait au moins 96 morts en Caroline du Nord, Donald Trump a propagé des accusations mensongères sur la réponse gouvernementale à la catastrophe. Mais l’impact sur l’électorat local est difficile à déterminer. Un peu comme en Géorgie, Kamala Harris mise sur les Afro-Américains et les jeunes.
Arizona
Terre plutôt républicaine, cet État du sud-ouest a créé la surprise en 2020 en choisissant Biden sur le fil, avec 10 457 voix d’avance. Mais le thème de l’immigration illégale, martelé par le candidat républicain en des termes de plus en plus acerbes, peut faire mouche dans cet État frontalier du Mexique, malgré le nombre important de Latino-Américains. Il y a toutefois de l’espoir pour Kamala Harris : en 2022, l’État a recalé une candidate trumpiste au poste de gouverneur, élisant une démocrate.
Nevada
Le moins peuplé des États clés, connu pour les casinos de Las Vegas, n’a pas voté pour un républicain depuis George Bush en 2004. Mais les conservateurs pensent pouvoir le faire basculer, en s’appuyant notamment sur la population latino-américaine, qui se détache de plus en plus du giron démocrate, notamment les hommes. Les partisans de Kamala Harris espèrent que l’arrivée de néo-habitants, des salariés plus jeunes et plus éduqués, souvent venus de Californie voisine pour travailler dans la tech ou la transition énergétique, puisse jouer en leur faveur.
PARTICIPATION ANTICIPÉE
Plus de 57 millions d’électeurs américains ont déjà voté et cette exceptionnelle participation anticipée pour l’élection américaine alimente les espoirs des deux camps, même si elle reste difficile à interpréter. C’est dorénavant l’équivalent d’un tiers du total des votants de l’élection de 2020 qui se sont déjà exprimés. Mais ce vote anticipé ne ressemble en rien à celui des années précédentes et il est donc difficile de faire des projections. Une chose est certaine, ce vote n’a pas fini d’être scruté : des enquêtes ont été ouvertes ces derniers jours après l’incendie de plusieurs urnes dans les États de Washington et de l’Oregon et en Arizona, sur la côte pacifique. De plus, le taux élevé de vote par correspondance en Pennsylvanie, où les bulletins ne peuvent être traités avant le jour de l’élection, pourrait retarder l’annonce des résultats à l’échelle nationale.