Quelques jours après le déclanchement de déclenchement des élections fédérales, nous avons fait parvenir aux 6 principaux partis — Parti Libéral du Canada, Bloc Québécois, Parti Conservateur du Canada, Nouveau Parti Démocratique, Parti Populaire du Canada et le Parti Vert du Canada — une série de 14 questions d’intérêt pour les communautés LGBTQ+ du Canada. Voici les réponses du BLOC QUÉBÉCOIS.
Comment votre parti se positionne-t-il par rapport à la lutte contre l’homophobie et la transphobie? Et que feriez-vous de concret dans ce domaine de plus ou différemment?
Le Bloc Québécois est un allié historique de la communauté. Nous avons toujours été à l’avant-garde de la défense et de la promotion de la diversité sexuelle. Le député du Bloc Québécois Réal Ménard, ayant siégé de 1993 à 2009, est un personnage incontournable de l’histoire communautaire. Il a été au cœur des luttes pour la reconnaissance des conjoints de même sexe et sur les politiques sanitaires dans la lutte contre le sida. Il a avancé des projets de lois pour faire reculer la pauvreté et décriminaliser le travail du sexe, notamment.
Les droits ayant évolués plus rapidement au Québec que dans le reste du Canada, il nous faut régulièrement nous lever en Chambre pour défendre les valeurs québécoises et la social-démocratie québécoise, en particulier sur toutes les questions morales qui sont soulevées par la droite religieuse au Canada.
Seriez-vous prêt à la mise en place de campagnes nationales sur les valeurs canadiennes incluant les réalités de la diversité sexuelle et de la pluralité genre ?
Nous sommes en faveur de la promotion de la diversité sexuelle ou de genre, mais ces campagnes ne doivent pas prendre la forme d’une leçon de morale donnée au Québec par le Canada. Ce serait le monde à l’envers.
Le Québec a amendé dès 1977 la Charte des droits et libertés pour interdire la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. En 1999, il a inclus les couples de même sexe à la définition de conjoints de faits, pour ensuite donner accès à l’union civile en 2002.
Le Canada a ses valeurs, nous avons les nôtres. Le Canada est un pays dans lequel il existe plusieurs nations distinctes, que la majorité canadienne le reconnaisse ou non. Ce à quoi nous pouvons nous engager, c’est dans la défense et la promotion des valeurs québécoise et la défense des droits inscrits dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
Votre parti se propose-t-il de nommer une personne responsable des enjeux LGBTQ+ nationaux et internationaux et qui serait une interlocutrice privilégiée avec les organismes et les communautés LGBTQ+ ?
Oui, au cours de la dernière législature, nous avions déjà une telle personne, la députée de Laurentides-Labelle Marie-Hélène Gaudreau. Le Bloc Québécois nommera une personne porte-parole des enjeux LGBTQ+ après les résultats du 20 septembre.
Comment votre parti compte-t-il soutenir les organismes communautaires œuvrant auprès des communautés LGBTQ+ au Canada ?
A priori, nous favorisons les transferts sans condition à Québec pour le financement des affaires sociales et des groupes communautaires. Le Québec a son propre modèle d’économie sociale et solidaire et la politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire place les organismes communautaires au centre des pratiques sociales québécoises et reconnaît leur rôle dans le développement social et économique du Québec tout en maintenant leur autonomie et leur pouvoir d’initiative.
Dans un univers où l’avenir des médias (journaux, magazines d’information et communautaires) est de plus en plus mis en danger par GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), votre parti considère-t-il qu’il faut prendre des mesures économiques supplémentaires et suffisantes pour protéger l’avenir des médias indépendants comme FUGUES? Si oui, lesquels ?
Oui. Le Bloc Québécois persistera, jusqu’à gain de cause, dans son combat pour l’imposition des revenus des géants du numérique à un taux de 3 %, comme le fait déjà la France. Le Bloc Québécois imposera aux multinationales du web des négociations avec les créatrices et créateurs de contenus québécois et canadiens afin d’établir un partage équitable des revenus.
Quelles mesures, comme gouvernement, entendriez-vous prendre pour vous assurer que tous les nouveaux arrivants comprennent et acceptent les valeurs d’ouverture du Canada dont la diversité sexuelle et de genre ?
Au Québec, nous avons notre propre modèle d’intégration des nouveaux arrivants et d’aménagement de la diversité sociétale, l’interculturalisme. Contrairement au multiculturalisme canadien, qui voit le Canada comme une simple agrégation d’identités individuelles ou communautaires, la vision québécoise cherche à développer une culture commune et met l’accent sur les rapprochements et les échanges interculturels.
L’interculturalisme québécois insiste beaucoup plus sur le principe de l’intégration des minorités issues de l’immigration à la société d’accueil que ne le fait le multiculturalisme canadien, notamment en affirmant la primauté du français. La reconnaissance dépend de l’intégration, non l’inverse. Cette différence de perspective se justifie notamment du fait que la nation québécoise est elle-même minoritaire dans le contexte multinational canadien. Il est naturel que les Québécois, formant une nation, définissent eux-mêmes leur projet national, incluant l’aménagement de la diversité ethnoculturelle.
Autrement dit, même si le gouvernement canadien affiche une image d’ouverture, le système canadien ne favorise pas véritablement la formation d’une culture commune.
Estimez-vous que l’inclusion des diversités est un enjeu d’importance pour les entreprises du Canada ? Si oui, quelles sont les mesures que votre parti mettrait en place afin d’assurer l’inclusion de la diversité, dont celle LGBTQ+.
Le Canada a une responsabilité vis-à-vis des entreprises de juridiction fédérales. Il doit lutter contre toutes les formes de discriminations en milieu de travail et adopter des mesure positives de promotion et de protection de la diversité sexuelle et de genre dans les milieux de travail.
Pour les autres entreprises, au Québec, les efforts sont déployés par le bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie.
Votre parti s’engagerait-il à poursuivre ou augmenter le financement des festivals et événements LGBTQ+ culturels et touristiques ?
Le gouvernement fédéral finance des événements via Patrimoine Canada et Tourisme Canada. Cette année, les budgets de Fierté Montréal et de la fête arc-en-ciel de Québec ont été bonifié. Nous défendons le maintien du financement actuel.
Votre parti est-il d’avis qu’il faut modifier le Code criminel pour interdire les thérapies de conversion ?
Oui, nous avons supporté dès le début et voté en faveur du projet de loi C-6.
Le Bloc Québécois est résolument engagé dans la protection et la promotion des droits et libertés des citoyennes et citoyens du Québec et a toujours été prêt à combattre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.
L’égalité entre les citoyennes et les citoyens est une valeur québécoise fondamentale et un droit inaliénable. Les pratiques qui nient le droit à l’existence dans le respect de son identité profonde se doivent d’être dénoncées.
D’un point de vue moral, il est légitime, dans le cadre d’une société démocratique, d’affirmer des valeurs fondamentales de la collectivité. Au Québec, le respect de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle de toutes et chacun constitue une telle valeur, à laquelle la pratique des thérapies de conversion fait violence.
Le Bloc Québécois reconnait que les groupes qui font la promotion de ces pratiques sont des groupuscules et qu’ils sont minoritaires et tient à affirmer que le respect des croyances doit aller de pair avec le respect de la différence et l’assurance de l’égalité entre les citoyennes et citoyens.
Les sociétés québécoises et canadiennes sont des sociétés distinctes, mais elles ont beaucoup en partage, notamment au point de vue des valeurs. Aussi, il est juste que, sur un certain nombre de sujets, elles s’accordent et adoptent des politiques concordantes, qui vont dans le sens du progrès des droits.
Avec le succès des traitements contre le VIH, qui rendent indétectable et intransmissible la grande majorité les personnes séropositives, votre parti est-il en faveur d’une décriminalisation de la transmission du VIH ?
La loi dit qu’une personne consciente de son état séropositif et qui a des relations sexuelles s’expose actuellement à des poursuites judiciaires. Le fait de suivre correctement des traitements pourrait être un facteur qui ouvre la porte à des discussions sur la décriminalisation. C’est d’ailleurs ce qui est prôné par l’ONU. Nous savons que la décriminalisation semble fonctionner mais que peu de pays osent se lancer sur cette voie. Nous sommes ouverts à étudier le sujet en comité parlementaire afin de recueillir le maximum d’informations sur l’enjeu le changement proposé.
Nous sommes désireux de travailler de concert avec les organismes qui ont comme principale vocation de combattre la discrimination de personnes atteintes du VIH dans le but d’améliorer l’encadrement de règles et de procédures visant à contrer la discrimination. Le Bloc Québécois est d’accord avec la directive de la procureure générale du Canada de décembre 2018 de cesser d’intenter des poursuites contre des personnes dont la charge virale est supprimée. Le Bloc Québécois croit, à l’instar de 170 organismes du milieu, que les poursuites pour non-divulgation du VIH devraient être intentées lorsque le comportement en question était intentionnel et a entraîné la transmission réelle du virus.
Selon votre parti, quel devrait être l’engagement financier du Canada concernant le Fonds Mondial de lutte contre le paludisme et le sida. Et comment poursuivrez-vous la lutte contre le VIH et le sida au pays?
Nous souhaitons que le Canada augmente son enveloppe dédiée au développement international à hauteur de 0,7% du Revenu national brut et qu’il favorise les organisations internationales. Ceci signifierait une augmentation proportionnelle des investissements du Canada à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Nous souhaitons également augmenter de 28 milliards de dollars dès maintenant les transferts en santé aux provinces et maintenir le financement fédéral à hauteur de 35% des coûts en santé. Ceci permettrait au Québec et aux autres provinces d’augmenter leurs ressources dédiées à la prévention du VIH/sida et aux soins.
Le Canada devrait-il continuer à faire une différence entre le don de sang des hétérosexuels et celui des homosexuels?
Le Bloc Québécois adhère à l’objectif de l’abandon total de l’interdiction.
Les libéraux ont envoyé un mauvais signal : soit la politique est justifiée scientifiquement, soit elle est arbitraire et discriminatoire. Ils ont affirmé que cette politique était discriminatoire, pour ensuite se réfugier derrière la science. Les libéraux n’ont pas rempli leur promesse électorale, qui date d’il y a déjà 6 ans. Ils se défendent avec l’argument des études scientifiques, mais ils ont attendu à 2017 pour lancer ces études. S’ils avaient tenu leur promesse dès le début, le problème pourrait être déjà réglé. Des études existent ailleurs dans le monde. Le Portugal, l’Italie, l’Espagne et Israël ont aboli complètement l’interdiction dans les dernières années. La règle actuelle envoie un signal extrêmement néfaste à l’encontre des personnes homosexuelles ou bisexuelles qui peut contribuer à propager ou entretenir des préjugés. Au Bloc Québécois, nous estimons que la politique sur les dons de sang doit être fondée sur le comportement sexuel et non sur l’appartenance à un groupe ou à une quelconque identité sexuelle ou de genre et doit être élaborée conjointement avec Héma-Québec.
Des organisations religieuses ou groupes ethno-culturels organisent parfois des événements où des conférenciers étrangers, clairement opposés aux personnes LGBTQ+, prônent des actions contre celles-ci. Votre parti serait d’accord pour refuser un visa d’entrée à des personnes qui, dans leurs discours dans d’autres pays, prônent la violence contre les personnes LGBTQ+ ?»
Le Bloc Québécois soutien les efforts récents pour renforcer la lutte contre les discours haineux et les propos qui incitent à la violence, notamment la précision du concept de «haine» dans le Code criminel.
Qu’il s’agisse de prédicateurs religieux, de porte-paroles de causes ou d’opinions personnelles, la loi est la même et doit être appliquée rigoureusement. Cela dit, il y a une tendance observable au Canada à tolérer des propos ou des individus au nom du fait que l’opinion qu’ils expriment se fonde sur leur croyance religieuse. Cela ne devrait pas être le cas. Un discours discriminatoire est un discours discriminatoire, peu importe l’idéologie au nom de laquelle il est propagé.
Comment le Canada devrait-il défendre les droits et les libertés des personnes LGBTQ+ à travers le monde selon votre parti, en particulier face aux pays qui ne respectent pas ou qui restreignent les droits de la personne?
Le Bloc Québécois souhaite augmenter les investissements en aide internationale à hauteur de 0,7% du revenu national brut, en priorisant les organismes multilatéraux et en priorisant une politique féministe et une politique de défense des groupes LGBTQ+. Nous avons de vives préoccupations pour les communautés LGBTQ+ à travers le monde, notamment en Afghanistan, où il faut agir urgemment pour sauver des vies. Le Canada doit aussi accentuer la pression sur les Talibans et tout mettre en oeuvre pour permettre aux membres de la communauté de fuir vers le Canada. Pour tous les pays qui commettent des atrocités contre les communautés LGBTQ+, le Canada doit considérer des sanctions économiques – qu’elles soient ciblées contre certains individus ou non – afin de faire cesser les violations des droits de la personne.
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Jusqu’à présent, à part le BLOC QUÉBÉCOIS, un seul autre parti — Le parti Libéral du Canada — a pris la peine de répondre à l’ensemble de nos questions.
Pour lire les réponses du Parti Libéral du Canada, c’est ICI.
Trois partis — le Nouveau Parti Démocratique, Parti Conservateur du Canada et le Parti Vert du Canada — n’ont pas répondu aux questions spécifiques que nous leur avions envoyées, mais nous ont référé à des sections de leur programme officiel.
Pour lire la réponse globale sur les enjeux LGBTQ+ que le Parti Vert du Canada nous a fait parvenir c’est ICI.
Pour lire la réponse globale sur les enjeux LGBTQ+ que le Nouveau Parti Démocratique nous a fait parvenir c’est ICI.
Pour lire la réponse globale sur les enjeux LGBTQ+ que le Parti Conservateur du Canada nous a fait parvenir c’est ICI.
Le parti Populaire du Canada n’a pas encore répondu à nos courriels ni aux messages téléphoniques.